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Brésil

18 janvier 2005 - 3 février 2005

18 01 2005


J'écrivais en 2001, lors de la préparation de mon Tour et Détours:

"Bien, je n'irai pas faute de temps mais vengez moi...Le mot Brésil et les chutes d'Iguaçu m'ont fait rêver sur le papier..."

Je me venge donc aujourd'hui!

 

18 janvier 2005: Saõ-Paulo:

Saõ Paulo :      10 400 000 de paulistanos. (18 000 000 d'âmes en comptant la banlieue)

Quelques maisons coloniales sont coincées entre gratte-ciel et building, du vieux moche voisine des immeubles avant-gardiste inspirés. La mégapole n'a aucune cohérence. Son unité est humaine pas architecturale.

Le quartier appelé japonais (sino-japo-coréen en réalité) est le seul à imprimer sa différence sur les façades de ses maisons.

Tout le reste semble dévoré, parfois en friche sinon délabré, visiblement construit dans l'urgence ou à la va-vite... On reconnait un peu le Sydney des années 80, en plus grand et souvent moins heureux.

Il faut s'attarder à un édifice, plisser les yeux et imaginer l'architecture d'une maison pour apprécier ce qu'elle représentait au sein de sa cohérence passée; pour la comprendre et pour l'aimer. Les seuls endroits intacts, les seuls vestiges publics restent comme partout des églises, préservées dans leur atmosphère par leur sacré ...

Habitations et hôtels comportent des douches à dix balles qui rendraient fou n'importe quel fonctionnaire EDF en vacances. Un domino raccorde électriquement le pommeau au secteur. Pas de nuances comme en France, trois positions de température suffisent ici: Fort - Moyen - Frio.

 

 

19 janvier 2005: Saõ-Paulo

Les meilleures conditions pour visiter un pays sont réunies quand on le découvre par ceux qui en sont les habitants. Dès mon arrivée, j'ai la chance de rencontrer Thaïs, ardente supporter des corinthians paulista, la célèbre équipe de football de Saõ-Paulo et Raphaël, un as de la pipa (Cerf-volant). La pipa est le sport favori des petits et des grands de la ciudad.

Les plus jeunes attendront la bonne brise pour envoyer leurs carrés de papier le plus haut vers les nuages.

Ce jeu anodin se transforme en joute céleste quand il est pratiqué par les plus grands. Ceux-ci enduisent le fil de "cerol", un mélange de verre broyé et de colle de cordonnier qui le transforme en un redoutable et dangereux fil tranchant. Il s'agit ensuite de sectionner celui de l'adversaire... Devant moi, un combat aérien a lieu.. bien que ce détournement soit interdit depuis que des fils en perdition ont égorgés des motards. L'activité est tolérée seulement dans des pipodromes!

L'affrontement est manœuvré de nulle part, on ne voit pas les protagonistes. Les carrés se rapprochent, reculent, se cherchent, s'emmêlent... Sous mes yeux ils s'accrochent à une terrasse voisine. les deux combattants ont perdu, les jouets accrochés par leurs queues terminent ridicules, tendus entre deux toits.

Traversée en voiture des faubourgs. Les paulistas conduisent à vive allure, un oeil sur le rétroviseur, l'autre sur le bitume de la route ouverte à de nombreux nids de poule et défoncée, ravinée par les pluies diluviennes. Il me semble parfois impossible de comprendre une ambiance de rue, regarder un superbe paysage sans le comparer à mes souvenirs les plus forts. Une maison, une rue peut évoquer la quiétude d'une matinée, la torpeur d'une après-midi à mille lieues de l'endroit où je me trouve. Ce quartier arabe de São Paulo aux maisons colorées pastel, ces boutiques qui avancent sur les trottoirs, la fausse somnolence des commerçants avachis, enfoncés dans de grands fauteuils rouges, les enseignes bariolées figuratives couvrant parfois des façades entières, et des quartiers entiers de Tunis traversent ma mémoire.

 

 

 

20 janvier 2005 : Trajet longue durée vers Iguaçu

Quinze heures en bus cama (couchette) leito (luxe) pour 155 R$ (45 euros).

Trajet de nuit. Une longue heure est nécessaire pour abandonner la ville de Saõ Paulo. Derrière la vitre à perte de vue, les favelas... glisse enfin doucement un plus calme paysage. Vagabondent mes pensées, les collines s'enveloppent d'un épais brouillard. Les secousses de l'autobus aident à trouver le sommeil. La route traverse d'immenses cultures de soja de maïs ou de café. Réveil sur une douce campagne vallonnée, embrumée.

Arrêt heureux à l'auberge Evelina Navarrete. Sans enseigne ni publicité, à l'écart des rues fréquentées d'Iguaçu, l'endroit ne semble exister que par le guide du routard et de rares agences de voyage. Aucun panneau, aucun signe n'annonce l'existence de la pousada.

Pousada Evelina Navarrete

Rua Irlan Kalichewski,

171 (Vila Yolanda)

e-mail pousada.evelina@foznet.com.br

 

 

21 janvier 2005 : Foz d'Iguaçu: Les "cataratas"

"The only one moment when I feel deeply life, same as opening the window and breath, is at the time I travel.”

Il fait 40 °C à l'ombre. Les "Iguaçusiens" ont l'habitude de la canicule. C'est normal en cette saison. Les gringos ont chaud.

L'entrée du parc d'Iguaçu est plus chère pour les touristes. Magnifiques papillons géants, pélicans et vautours survolent le site. C'est superbe !

Le quati, petit carnivore fort sympathique et aucunement farouche est l'emblème du parc.

Un cow boy local nous oriente vers les chutes d'Iguaçu. Comment décrire le spectacle fabuleux et grandiose qui s'offre à nos yeux. La rivière Iguaçu semble bien paisible juste avant de se jeter en trombes puissantes et majestueuses d'une hauteur de 70 mètres.

Il faut être insensible pour ne pas céder à la beauté, sinon à la puissance sauvage et spectaculaire des cataratas. Robert de Niro dans Mission, c'est moi! Je crois à la légende des indiens caingangues; seul le Dieu serpent M'boi a pu ouvrir d'un coup de queue une baie géante au milieu du rio Iguaçu et créer un tel chef-d'œuvre.

Iguazu

Fureur soudaine des eaux. Le calme devient subitement la colère, la tranquillité se transforme en force brutale. Malgré l'affluence, l'endroit se prête étonnamment à la méditation. La nature humaine n'est-elle pas parfois semblable aux humeurs brusques et changeantes de cet endroit?

A peine rentré à la pousada, la propriétaire des lieux me demande ce que je ferai lendemain. Quitter sa guest-house était mon intention. Avec pétillance dans les yeux et surement l'intention de conserver une chambre occupée une nuit de plus, elle me dit. "Je suis guide aussi. Venez demain matin avec un petit groupe qui visite les chutes du côté argentin, vous ne le regretterez pas".

Je fais confiance à la sexagénaire polonaise et m'endors sur l'idée du voyage organisé en Argentine.

 

 

 

22 janvier 2005: Foz d'Iguaçu - Brésil, Paraguay et Argentine

Huit heures du matin. Calme petit déjeuner au bord d'une piscine bordée de palmiers et d'arbres fruitiers. Sur une branche, un collier en pierres d'agate subtilement agité par le vent, fait tinter ses phalanges de pierre. Un bruit mat me fait tourner la tête. Le vieux manguier vient de lâcher lourdement un fruit.

Evelyne sera effectivement parfaite. Elle est polak, pardon polish, parle six langues, apprend le russe et prend un plaisir manifeste à exercer ses connaissances au contact des touristes. Nous embarquons dans un mini van climatisé. Madame nous dresse un synthétique portrait géo-politique de l'Argentine et du Paraguay. Notre guide aime son métier. Avec assurance, cette fille d'émigré assure sans complexe à notre petit groupe: "Les brésiliens travaillent peu et ont laissé ainsi le champ libre aux étrangers." J'apprends que sa jeunesse fut partagée avec les enfants indiens guaranis. Notre véhicule longe une bras de rivière qui a les dimensions d'un fleuve. Elle glisse alors sans fierté apparente "C'est la plus grande chose que j'ai jamais possédé." Aujourd'hui je me suis promené au Paraguay, au Brésil et en Argentine, à la frontière des trois pays, les camelots indigènes sont légions. Discrètement, elle donnera quelques billets aux indiens vendeurs de breloques. C'est semble-t'il pour son seul plaisir de partager qu'elle nous a accompagné. Durant mon séjour à Iguaçu, j'aurai toujours vu cette grande dame au port bien droit s'habiller d'une robe longue et se coiffer d'un chapeau mou orange ou jaune. L'allure et la belle prestance de cette femme n'est pas sans évoquer le charme d'une Karen Blixen.

J'avais une ferme en Afrique, au pied de la montagne du Ngong.

Karen Blixen
Une Ferme africaine

Eveline a le chic pour agrémenter le voyage d'anecdotes partagées avec certains de ses pensionnaires face à un puma en colère.

Balade sur l'ecological tour et promesse non tenue d'animaux sauvages. Mais c'est samedi, jour de fin de semaine, gringos et locaux seront les animaux. La vague déferlante trouble chaque mètre du sentier. Tout juste je croise un nonchalant varan, un petit cochon sauvage pointant son arrière train, nullement effrayé, surement habitué. Egalement de rares papillons géants tournent mon attention. En ce jour de "tourism industry", les sauvages pumas regardent la télévision.

Le ticket d'entrée prévoit une balade calme et reposante sur le fleuve Iguaçu. D'adorables petits caïmans affolent les jeune femmes de notre embarcation et suscitent toutes sortes de questions... Plusieurs mètres plus loins, nous piquons une tête dans l'eau rafraîchissante. La terre est sèche sur les bord du fleuve, ce qui permet d'assister au fantastique ballet de papillons venant se désaltérer dans une flaque loin des courants.

Retour au bercail. Après 22 heures le portail en fer forgé de la pousada est fermé à double-tours. Impossible de sortir! De gros problèmes d'insécurité ont apparus depuis que les armes sont en ventes libre derrière la proche frontière du Paraguay.

Dîner à la "Senior's pizza", à quelques encamblures de la pousada: "Salada mista: con picanha na pedra." (Salade mixte avec viande à churrasco dur pierrade).

 

 

23 janvier 2005: Départ pour Curitiba

Sur le bord de la route, une famille sirote du maté de chimarrão, une herbe fraîche séchée puis moulue, utilisée en infusion et devenue la boisson régionale de l'état du Parana. Sans hésiter ils proposent au gringo leur boisson. Personne ne peut refuser ce cadeau qui ne répond à aucune norme d'hygiène européenne. Une pipe à anse d'argent plonge dans la tasse ou 'cuya', qui passe de bouche en bouche. C'est un honneur d'y porter ses lèvres. Thé ou maté, appelle le comme tu veux, c'est une décoction nationale rafraîchissante.

A l'entrée du parc d'Iguaçu se tient le "Parque das aves" (Parc des oiseaux). Gracieux papillons, habiles colibris, toucans et aras en pagaille, oiseaux apprivoisés et emprisonnés, formes (*), odeurs et couleurs(**), neuf cent espèces sont représentées sur dix sept hectares. L'entrée n'est pas donnée mais nos mirettes sont satisfaites.

(*) Spatule rosée      (**) Magnifique Ibis rouge

Trajet de Foz de Iguaçu vers Curitiba pour 77 R$ en bus de nuit.

 

Curitiba:      1 590 000 âmes

20h30. Equipé on ne peux plus pour le trajet. Masque contre la lumière, cire "humaine" et somnifère si besoin. La ciudad existe à 900 mètres d'altitude, ce qui en rend le climat des plus agréables. Curitiba sera juste une étape de transit vers Morretes.

 

24 janvier 2005: Train centenaire et poussif vers Morretes

Un charmant train centenaire convoie son lot de touristes entre Curitiba et Morretes. Des mises en gardes nous rappelent qu'il est interdit de se pencher en dehors. L'endroit est touristique. Les vénérables voitures sont investies de guides et vendeurs de CD, cassettes et prospectus en tous genre. Une femme va accompagner notre trajet au bout du couloir, le sourire en coin, le micro à la main. Elle nous explique qu'à droite, le brouillard nous empêche de voir un superbe précipice, à gauche c'est dommage il est trop tard, une gare désaffectée, derrière nous un viaduc sur un précipice. Les touristes brésiliens se précipitent à droite, à gauche, rient et commentent ce qu'ils ne voient pas. Brouhaha, nuages et brouillards noieront les explications de notre guia touristica.

 

Morretes:      15 300 âmes

La guest-house de Morretes ne mérite aucune publicité sinon pour son restaurant sur les bords du rio Nhundiaquara. Mes réflexes du "Tour et Détours" sont perdus. Oublié le réflexe du "Montre moi la chambre et je te dirai si je signe ton registre d'arrivée." L'endroit servira de point de chute pour une nuit. Morretes est une ville charmante. Un peu à l'écart du centre, un vieux train attire mon attention. Il rentre de la selva et convoie des ouvriers qui sont resté trois semaines dans la forêt à entretenir les voies.

Entre deux averses, je découvre les alentours le temps d'une balade à vélo. La sueur colle ma chemise, je perds des litres d'eau. En bord de route une petite cafétéria abrite quelques énergumènes en mal de compagnie. Très vite les gais lurons m'offrent leur cachaça et nous partageons un posson fraichement pêché dans l'étang d'à côté.

A quelques kilomètres de là, sur un terrain perdu en pleine campagne j'emménage à la pousada cabanas do Curupira, dans un chalet au milieu d'une végétation luxuriante. Le petit déjeuner y est frugal et exquis. Les propriétaires espagnols et belges sont avenants et sympathiques.

Pousada cabanas do curupira

cx. postal 24

Morretes- cep 83350-971

e-mail: cabanascurupira@yahoo.com.br

website: www.spacioantonina.com.br/pousada/index.htm

 

 

25 janvier 2005: Visite d'Antonina

Antonina:      2 700 âmes

A quelques kilomètres de mon auberge je rend visite à la ville d'Antonina. J'y ai apprécié l'ambiance d'une joli port de pêche encore modeste et fier.

Des troubadours modernes, les "seresteiros" chantent dans la rue la vie et l'amour une fois par semaine, sans bourse demander. Certains propriétaires ont accroché à leur maison une plaque demandant leur chanson préférée. Les musiciens sont alors bienvenus sous les fenêtres du propriétaire et chantent alors la sérénade en son honneur. Belle tradition!

Besame mucho

Le pharmacien s'est laissé tailler le portrait sans façon, presque sans manière. Il était là. Elégant, le notable posait imposant dans son ancestrale officine. Il semblait partager autant de plaisir que moi à se mettre en situation pour la photo.

L'endroit est ô combien honorable et hautement vénérable. Entre réclames pour laxatifs efficaces et pour émulsiants idéalement toniques, je pose aussi.

Verse la pluie. A Antonina, j'ai attendu et l'appétit est venu. Il faut alors calmer sa faim et supporter les bolinhos vendus sur le fronton sous couvert de "molho de pimenta". L'averse se transforme en crachin, les barcas rêvent de repartir. L'endroit bénéficie d'un exquis romantisme.

Au bar, je commande une eau minérale non gazeuse. Un singulier personnage tente alors d'entrer en conversation avec moi. Non peigné, mal rasé, pas lavé, curieusement habillé, l'homme m'accoste en m'offrant un original cadeau: Une réduction de canette de coca cola confectionnée par ses soins. Son talent est de créer des reproductions miniatures des célèbres boissons. Son nom est français me dit-il. Soit. "Je vais te le prouver" continue-t-il en cherchant sa carte d'identité. "No necessita". "Si si ...", il insiste, le bougre. Pendant qu'il fouille fébrilement un sac plastique, je détaille un peu plus le bonhomme qui est vétu d'un simili treillis version camouflage et de sandales en plastique. Fièrement il extirpe ses papiers et je lis "Antonio Carlos Jolly". A l'angle supérieur gauche est collé la photo d'un homme de bonne famille, cravaté et cheveux gominés. C'est bien lui, impossible de confondre ces yeux malicieux fixant l'objectif du photographe! Il me regarde fièrement, le visage illuminé d'un grand sourire, dévoilant chicots disparates et mal ajustés et insiste. "Lindo, joli per francese". Mon nouvel ami est secoué d'un grand rire et vide cette fois son sac devant moi, sortant toute sorte d'objets et un vieux carnet contenant son permis de conduire. Monsieur Jolly y figure cette fois en repris de justice ou aventurier rebelle, le regard vide, une barbe de cinq jours, stoned, méconnaissable. L'homme a une histoire, c'est certain!

 

Au bout du port, des ruines cachent leurs souvenirs. Répit de la pluie, je photographie.

 

26 janvier 2005: Antonina - Morretes - Paranagua - Ilha do mel - Fortaleza - Ouf!

La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamments grands pour ne pas les perdre de vue quand on les poursuit. Oscar WILDE

Long trajet vers la joliement nommée île du miel, un éden de sable blanc au bord de l'océan. Une source descend les harmonieux reliefs de l'île, glisse sous les mangroves et prend une couleur miel caramel. Les natures inanimées font de jolis tableaux. Je vois même dans le sable un curieux hommage à Bob Marley.

La plage est animée par un curieux mais gracieux ballet exécuté par une sterne fuligineuse, un habile volatile en quête de crustacés... et ma première baignade dans l'océan sous le vol majestueux des aigles. L'eau n'est pas plus chaude que celle de la Manche à Deauville en début de saison.

 

 

27 janvier 2005: Ilha do mel - Fortaleza

Balade matinale sur une plage qui doit son nom à un ancien fort portugais, la "praia de Fortaleza". Natures mortes et vélos morts nourrissent les imaginations.

Changement d'hôtel pour la dernière pousada de la plage. La "pousada dos prazeres" que je conseille à tous les amateurs de tranquillité. Je suis un gringo au Brésil, rouge comme un homard.

Ce soir la lune est ronde. Nuit exquise et paisible rivage aux reflets argentés. Le plancton remonte des profondeurs pour se nourrir de son cousin le phytoplancton. On m'avait juré que des baleines, attirées par le festin, pourraient être aperçues. Le touriste Alexis, charmé par ces promesses, sera visible ce soir là. Point de cétacés c'est sur, sinon la proximité de nombreux dauphins.

Inscriptions éphèmères sur le sable; les mots s'effaceront et les pensées s'envoleront vers les êtres aimés.

 

 

 

28 janvier 2005: Paranagua - Saõ Paulo

Il faut quitter l'île du miel, ses belles plages et ses dauphins. Nous embarquons pour le port de Paranagua à bord d'un Iatebus (Yacht - Bus) à l'appelation prétentieuse. Mais du plus petit au plus grand nous nous sentons chacun les intrépides capitaines de l'embarcation.

Retour par bus de nuit à Saõ Paulo. (50 R$ - Bus pluma)

Super mercado de São Paulo. heureuse image de cols blancs se faisant l'abraszo qui consiste à envelopper som ami collègue de ses bras et lui donner une affectueuse tape dans le dos. Chaleur naturelle des paulistas.

 

 

 

30 janvier 2005 Saõ-Paul - Arrivée à Rio de janeiro :

Rio de janeiro :      5 850 000 cariocas.

Rio, la belle Rio, ce génial équilibre entre mer, ville et montagne.

Trois jours seulement dans la brillante cité. Oui, ce fut trop rapide. Mais comment peut-on aller au Brésil et éviter Rio de Janeiro, la bien surnommée "cidade maravilhosa" ?

Rio de Janeiro signifie "rivière de janvier", les explorateurs portugais pensaient avoir découvert l'embouchure d'un grand fleuve en janvier 1502!

Une demi journée de trajet en bus. L'arrivée restera un extraordinaire souvenir, cette route est un décor de conte de fée. Elle serpente à sens unique, gravissant les montagnes entourant Rio de Janeiro. Les pentes sont trop abruptes pour cultiver quoi que ce soit. La forêt est donc restée sauvage, avec ses palmiers, ses bananiers, ses eucalyptus et autres arbres exotiques. Regard collé à la fenêtre accroché au paysage qui évoque toute sorte d'images, certaines en Indonésie.

 

La plage de Copacabana est bordée de grands hôtels. Pas un café, pas une terrasse, juste les palaces. Derrière les facades opulentes se cachent des favelas que j'ai un instant hésité à visiter. Des tour opérateurs y organisent des excursions en bus climatisé commentées par des guides spécialisés sur ces société. Hésité puis renoncé. Payer pour observer derrière une vitre la misère, la conscience endormie car le tourisme favorise leur économie paraît-il. Finalement ce concept est sordide. Laissons les réserves aux animaux. Ironie de la vie, les vues les plus imprenables des cariocas appartiennent aux habitants de ces quartiers.

Premier bain à Ipanema praïa, la chic voisine de Copacabana. Première surprise aussi. Amis lecteurs, j'ai toujours aimé nager. La fraîcheur de l'eau ou le déchaînement des vagues ne m'ont jamais effrayé. Bien au contraire. Ils ont été pour moi une stimulation, une excitation, une forte incitation à la baignade. Et si l'endroit paraît difficile à se baigner, j'irai tout de même l'ajouter à la collection des mers lacs et océans ou je me suis trempé.

Ipanema est une grande plage encombrée de peaux bronzées et de vendeurs en tous genre. Surf, Samba et marijuanah, Oh là là !!!

Les courants de l'océan sont si violents que son accès y est interdit à plusieurs endroits. C'est donc un peu plus loin que je me jette à l'eau. Les deux premières vagues baptisent ma visite à Rio. Impossible de nager dans le tumulte de l'océan. J'entreprends le retour vers le sable à force de grandes brasses, perpendiculairement à la plage.

Je dérive, dévie, emporté par un courant d'une vitesse difficile à raconter. Les immeubles du front de mer défilent rapidement comme un travelling de cinéma. Me voilà bientôt déporté à vingt mètres de mon point de départ. J'appris par la suite qu'Ipanema signifie en indien "eaux dangereuses".

 

Arrêt à la garota de Ipanema, le café où Tom Jobim et Vinícius de Moraes ont composé la célèbre chanson Girl of Ipanema... qui fut ensuite reprise par Franck Sinatra sous le titre de "The girl of Ipanema". Sous ce lien, les photos de la demoiselle inspiratrice du livret http://www.garotadeipanema.com.br .

 

 

Garota de Ipanema - The Girl of Ipanema
  Vinícius de Moraes et Tom Jobim, 1958

Olha que coisamais linda,
mais cheia de graça,
É ela menina,
que vem que passa,
Num doce balanço,
caminho do mar.

Moça do corpo dourado,
do sol de Ipanema,
O seu balançadoé
mais que um poema
É a coisa mais linda
que eu já vi passar.

Ah, por que estou tão sozinho ?
Ah, por que tudo é tão triste ?
Ah, a beleza que existe
A beleza que não é só minha,
Que também passa sozinha. 

Ah, se ela soubesse
Que quando ela passa,
O mundo sorrindo
Se enche de graça
E fica mais lindo
Por causa do amor. 

Look at this thing,
most lovely,
most graceful,
It's her, the girl
that comes, that passes,
with a sweet swinging,
walking to the sea.

Girl of the golden body,
from the sun of Ipanema,
Your swaying,
is more than a poem,
It's a thing more beautiful,
than I have ever seen pass by.

Ah, why am I so alone ?
Ah, why is everthing so sad ?
The beauty that exists,
The beauty that is not mine alone,
that also passes by on its own.

Ah, if she only knew
that when she passes,
the world smiles
fills itself with grace,
and remains more beautiful
because of love.

 

 

 

31 janvier 2005 : Rio de Janeiro - Le "Christ Rédempteur" et le "Pain de sucre"

 

Nuit dans un hôtel quelconque entre la plage d'Ipanéma et le lac "Rodrigo de Freitas".

Je petit-déjeune d'un succulent "pequeno almoço typico" :
   
- Café (Pas de thé le matin au Brésil!)
- Bolinho de chuva (Beignet au sucre- littéralement. : beignet de pluie)
- Geléia de goiaba (Confiture de goyave)
- Geléia de abacaxi (Confiture d'ananas)
- Manga (Mango)
- Suco de maracujà (Fruit de la passion)
- Suco de caju (fruit de cajou)
- Caqui (Kaki)

Les paroles de la chanson de Dario Moreno me poussent, m'excitent, m'exhortent à visiter au plus vite un des endroits les plus mythiques du Brésil.

Dario Moreno

Si tu vas à Rio
N'oublie pas de monter là-haut
Dans un petit village
Caché sous les fleurs sauvages
Sur le versant d'un côteau
C'est à Madureira
Tu verras les cariocas
Sortir des maisonnettes
Pour s'en aller à la fête
A la fête des sambas.
Et tu verras grimpant le long des collines
Des filles à la taille fine
Avancer à petits pas
Et les fanfares
Dans ce joyeux tintamarre
Emmener le flot bizarre
Des écoles de sambas.
Qui préparent le bal
Et s'en vont pour le Carnaval
Répéter la cadence
De la plus folles des danses
Celle de Madureira.

 

Visite du lac. Sur l'autre berge un monolithe, le corcovado, est planté d'une immense croix bénissant la ville. Montée en taxi vers la statue du Christ Rédempteur. La route est déserte. La voiture traverse une épaisse forêt et s'arrête pour quelques points de vue dissimulés par un brouillard à couper au couteau. Tourne le compteur, j'active le chauffeur. Il ralenti devant un majestueux portail et lâche laconiquement "Ici c'est la villa de Gilberto Gil" ... un peu plus loin ... "La propriété de Bom Jovi". Tout en haut, de petits macaques jouent dans les arbres. Un épais nuage masque inopportunément le panorama. Il fait frio. Nous attendons tous l'éclaircie salvatrice. Le miracle a lieu. Le ciel se découvre et l'imposante et sereine statue ouvre ses bras à Rio. Dieu que c'est beau!

Redescente par le vieux tramway pour 15 R$ seulement.

Allez, il me reste à peine deux jours à Rio. Je cours donc visiter l'autre célèbre pic, le "pain de sucre". Ce sont deux téléphériques que l'on doit prendre cette fois pour atteindre le sommet. Le scénario se reproduit. Une calotte nuageuse masque le vénérable crane du "Pão de Açúcar". L'attente semble interminable dans l'humide brouillard. L'horizon devient espoir avec l'apparition d'une masse informe qui se révèle enfin. Le Corcovado! Nous regardons Jésus, debout sur une mer de nuages.

 

 

1er février 2005 : Rio de Janeiro - Le jardin botanique

Dans le quartier résidentiel, tout près du "lagoa Rodrigo de Freitas", se tient le "Jardim botânico". L'entrée est de 3 R$, une paille!

Une allée majestueuse est plantée de gigantesques palmiers impériaux (30 mètres de haut). La chaleur humide est lourde, enveloppante et pesante. Quelques plantes exhalent des senteurs sublimes, une douce moiteur tropicale accompagne ma visite.

Le grand parc de 140 hectares abrite nombre arbres exotiques comme ce melaleuca noueux, tordu et compliqué telle la timidité d'un adolescent à son premier rendez-vous. Il renferme aussi de remarquables roseraies, une étonnante serre de plantes carnivores et une serre d'orchidées.

Face à un pied de géant, on se sent appelé à toucher, à caresser une écorce, comme pour en percevoir la sève, sentir la vie monter vers son sommet. Sous l'enjambée d'un ruisseau, un nunéphar en écrin expose un diamant de pluie. L'immense jardin recèle des trésors pour qui sait s'abandonner à la flânerie.

Amoureux des arbres et passionnés des plantes, n'hésitez pas, venez découvrir le singulier jardîm botanico.

A l'approche du carnaval, j'aurai essayé désespérément tous les soirs de visiter une école de samba. Mais les répétitions sont closes, les élèves ajustent les costumes, c'est trop tard. Ce sera une de mes déceptions.

 

 

2 février 2005 : Retour vers Paris

Aéroport de São Paulo.

Formalités d'embarquement. Ai demandé une place "sortie de secours" afin de pouvoir déployer mes longues cannes. Ai obtenu in-extrémis un "couloir".

A ma droite, braille un presque nouveau-né. Le fauteuil devant moi est tellement déployé qu'il repose sur mes genoux. Je suis grand me direz-vous. Repliés sous mon siège, mes pieds sont chatouillés par les grolles d'un colosse qui, gambettes déployées porte un tee-shirt marqué triathlète. Il me reste à me battre pour conserver le bout d'accoudoir que me dispute mon voisin de gauche.

Masque de sommeil, boules quiesce et sérénitude(*), j'ai l'habitude.

 

 

 

LE BRESIL EN 13 SUBJECTIVITES :

 

            Pays:                                       JJJJL   

            Population:                            JJJJJ   

            Paysages:                               JJJJJ   

            Alimentation:                          JJJJL    

            ‘Bon marché' de la vie:         JJJJL

            Etat des transports:               JJJLL

            Communication, Internet:    JJJJJ    

            Propreté:                                  JJJJL   

            Envie d'y retourner :             JJJJJ   

            Villes préférées:                     Fortaleza à ilha do Mel, Antonina, Rio de Janeiro

            Mots les plus entendus:      Oi!, Besame mucho

            Pas Glop:                            

            Glop Glop:                             Les chutes d'Iguaçu, la ville de Rio, le peuple brésilien.

 

            Impression générale:         Pays très latin. Se visite en trois mois minimum.

 

            Regrets / Pas le temps:      Visiter une école de Samba, et tellement d'autres choses.

 

Lexique

 

 

        Bolinho:                   Beignet.

 

        Cachaça:                  Rhum blanc agricole.

 

        Carioca:                   "Maison de l'homme blanc" en indien. Habitant de la ville de Rio de Janeiro.

 

        Chimarrão:              Infusion amère à base d'herbes et de maté (infusion). Consommé chaud dans le sud du pays.

 

        Corcovado:             Enorme monolithe dominant Rio. "Bossu" en indien.

 

        Iguaçu:                     "Grande eau" en indien guarani. .

        Pão de Açúcar:     "Pain de sucre". Monolithe de 390 m de haut est située à l'entrée de la Baie de Guanabara.

 

        Pipa:                         Cerf-volant.

   

        Pipodrome:             Espace réservé à la pratique du cerf-volant.

 

        Pousada:                Auberge ou chambre d'hôte, en général d'excellent rapport qualité-prix.

        Sérénitude:             Ah oui ça n'existe pas. Les néologismes si! .

        Cervilha:                   Petit pois.

 

        Milho:                         Maïs.