Thaïlande - Tour et Détours d'Alexis Solovieff

Guide du routard

 
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THAÏLANDE

 

09/01/2003

15/01/2003

 

 

 

9/1/2003 : Route vers Phuket – Cafards en tous genres

           Je prends connaissance seulement maintenant de la géographie de la Thaïlande. Je situais Bangkok et sans difficulté ses voisins tels le Cambodge et le Laos. Mais Phuket ( pron.  Fou-Quête) pas du tout!

           Cet endroit est, paraît-il, à la fois stratégique et sympathique pour préparer ses visas pour les pays voisins.

           J’ai décidé une fois en possession de ces sésames de monter à la capitale Bangkok. Ensuite mes plans prévoient de  traverser le Cambodge pour rejoindre le Vietnam, puis redescendre sur Bangkok en passant par le Laos.

           Le temps passe très vite, comme toujours, comme ce voyage. Je dois calculer le temps consacré à chaque pays.

 

Route Malaisie Thaïlande :

          Nous sommes dix touristes à traverser la frontière dans un bus climatisé.  Partis à 8h30 ce matin nous la franchissons à 11h30. Simple formalité m’avait-on dit. Effectivement le chauffeur prend les passeports, fait préparer les cartes d’entrée sur le territoire, demande 1 ringgit ou 10 roupies thaïlandaise. Un uniforme discute avec le chauffeur pour collecter et contrôler les papiers. Il me fait sortir du bus, avec une brésilienne. Nos visas en provenance de Panang ne sont plus acceptés, m’explique, très surpris, le chauffeur. Longue discussion s’en suit et tout s’arrange dans les quinze minutes après une courte visite chez le control officer.

           Sur la route, nous faisons halte dans un café. Assis entre deux sacs à dos, je fais connaissance d’une française et de son ami néo-zélandais. Nous échangeons les adresses de nos sites web.

                      " Tu es tour-operator? " me demande t’elle après avoir pris connaissance du nom de mon site.

                      " Pas encore "

           S’en suit une discussion sur ce métier. Et c’est celui qu’elle veut exercer sinon guider des touristes en Nouvelle Zélande, mais peu de temps seulement. Ce travail est tellement ingrat me dit-elle.

           Et je reprends le bus… Les paysages défilent … totalement différents de ceux de la Malaisie, beaucoup plus sauvages. Les forêts sont accrochées sur d’immenses rochers montrant parfois leurs parois crayeuses. C’est beau, déconcertant et impressionnant à la fois.

           Enfin c’est l’arrivée à Phuket. A peine débarqué, je suis tout de suite assailli par des rabatteurs de guesthouse qui m’alpaguent immédiatement. Deux hominidés s'accrochent à moi comme sangsue à mon pied, mon couvre-chef jouant le rôle d’un repère. Non Monsieur, sans connaître votre prix c’est déjà trop cher. Par courtoisie ou par fatigue je les suis jusqu’au premier hôtel qui avoue sans honte ses 1000 baths, mais belle façade et chambres à air conditionné. Pas le moins du monde découragé par ma résistance, l’un des deux lascars continue à se coller à mes basques, me proposant tours, taxi et hôtels de toute sortes. Nous marchons en duo deux cent mètres et nous passons devant des policiers ; je les interroge sur un hôtel bon marché. Ceux-ci se tournent alors vers leur compère taxi… J’accélère !

           Je ne me fais que des ennemis bien que répondant chaque fois très courtoisement par un no thanks aux sollicitations spontanées. Un cyclomoteur me suit :

                      Where do you go?”

                      This way” dis-je tout en rehaussant les vingt kilos sur mes épaules.

                       10 baths for transport

           Non merci… Alors c’est une prostituée qui avance vers moi, seins devant et cul en arrière, la croupe tournant comme celle d’une dinde affairée. Madame, il est tard et je suis fatigué, votre hôtel ne me convient pas.

           Le premier contact avec la Thaïlande est rugueux, chers amis et ils sont mauvais perdants ces vendeurs de commission.

            Je ne les ai jamais cherchés pourtant.  Encore sur le trottoir un groupe d’hommes est assis sur un banc. L’un d’entre eux goguenard m’alpague, désignant une rue noire :

           “Tu trouveras un hôtel bon marché en allant de ce côté … et peut-être pour toi ce sera gratuit“.

           Le deux-roues continue à me suivre à un mètre, me doublant à l’approche de chaque hôtel, cherchant toujours son profit en m’annonçant. J’atterri finalement exténué dans un endroit entre masure et taudis pour 180 bath. Pas de publicité possible pour cet hôtel, le lit n'est pas assez cher pour payer la traduction en anglais de l’enseigne et faire venir les touristes. D’ailleurs la patronne ne parle pas un mot d’anglais et nous communiquons par écrit. Plus la ville est touristique et moins les dortoirs semblent correct. J’inspecte le lit. Le sommier est une planche, j’utiliserai mon sac à viande.

            Nuit noire, il est tard. Et voici mon repas :

 

Riz et crevettes

Eau servie gratuitement

40 baths  ( presque 1 Euro )

 

           Cette longue journée n’est pas terminée. J’ai soif de nouvelles et je pars en quête d'un cybercafé.

           Mais il y a des jours-sans comme le dit si bien la formule. Après trois cyberthés, j’arrive tout de même à me connecter à ma messagerie à force de patience et d’obstination. Sur le premier message, mon père, toujours aussi précieux et adorable m’envoie un premier message disant envoyer un colis contenant la doxycycline en poste restante à Bangkok. Alexandre, un collègue de bureau, vient de mettre mon site sur un CD. Merci vieux. J’apprécie cet e-mail positif.

           Les autres nouvelles ne sont pas bonnes, je comprends que le retour en France sera dur...

           J’abandonne le cyberthé un peu hébécafé. Il est temps d'aller dormir. Et je dois montrer une tête impossible puisque deux motocyclettes ralentissant devant mon pas pressé, ont tout de suite accéléré quand je les ai seulement regardés

           Je remonte les deux étages de ma pension qui semble entièrement vide.  Ma chambre porte le numéro 308, rendez vous compte ! Nous ne sommes certainement pas plus de 5 clients dans cette pension. Je me demande de quoi vit la propriétaire.

           Sous ma fenêtre, un cafard m’attend, bien long, bien noir et bien épais. On s’observe un instant ; il se réfugie dans le coin bétonné derrière le lit. Je décide de l’épargner. Finalement, sa vie ne doit pas être facile non plus.

           Je sors mon cahier pour écrire, comme chaque soir. Perdu pour ce soir seul à Phuket, qui se prononce comme l’insipide restaurant des Champs-Élysées à Paris, je regarde les cafards de ma chambre se promenant aussi librement que s’ils étaient dans les cuisines du restaurant. Je réponds à la provocation par la violence ( live ). Le misérable insecte est revenu pour entreprendre d’escalader une de mes fidèles dolomites que je secoue pour le faire tomber… et l’aplatir pour transformer insecte en galette.

            Le mur de droite contre le lit est couvert de tâches marron-rouges. Je sais pour les avoir déjà rencontrées qu’il s’agit de punaises de bois écrasées par les locaux. Après avoir vérifié le sommier de mon lit,  je choisis de considérer sereinement tous ces habitants qui vivent ici à demeure.

           Et dire que c’est aujourd’hui que je prends conscience avec tellement de force et de consistance de la réalité de la fin de mon voyage. A mon retour je verrai mon père, ma sœur, Deauville et mes amis.. Mais elles, je ne les verrai toujours pas … Photos, carnets et souvenirs, c'est mon proche passé que je retrouverai finalement…..

           Le cafard avait un cousin, ou une femme, ou son frère, je ne sais…. Celui-ci se balade derrière mon sac en toute insouciance. La lumière rythmée par les pales du ventilo lui confère une démarche psychédélique, fantastique, fantasmagorique. 

           Ce soir, je hais cette ville, je déteste Phuket, mon premier contact avec la Thaïlande est très, très décevant. 

           La couverture rouge maculée de marron restera sur le coin du lit ! Et j’ai la flemme de sortir mon sac à viande.

           Dans quelques mois, ce sera dans des draps blancs tirés que je dormirai ! C’est la nuit. Je dors bras en croix, crucifié par le sommeil, écartelé par les pensées.

 

 

10/1/2003 Phuket – Dernière journée

           Réveil difficile. Une colonie de fourmis travaille telle une armée de chinois entre fenêtre et plafond.

     Voyage longue durée et musique :

Le lecteur de mini disque génère un phénomène intéressant à étudier sur soi-même. C’est la première fois que facilement on peut enregistrer du son par internet. Et facilement le réécouter.

Sur quatre heures effectives d'enregistrement de bonne qualité, on doit choisir ce que l’on aime dans l’absolu. Loin des modes et des tendances prévalant dans son pays, loin de sa discothèque, on doit choisir. Voilà qui est intéressant ; sélectionner, dire ce qu’on aime.

Ce qui me manque en priorité c’est J.S.Bach! Joué sur orgue, piano ou clavecin, ou réinterprété par Rachmaninov. Puis je choisis Sting et toujours un peu de Tom Waits.

Me manquent beaucoup les français classiques en chansons : Brel, Brassens, Aznavour et les autres… Introuvables ou si bien protégés qu’on ne les trouve que dans le circuit classique, pas sur la toile.

 

 

 

11/1/2003 Phuket - Fuite vers Bangkok

            La ville ne me plait pas plus au réveil, pas plus que la pensée d'aller visiter les superbes îles des alentours. A peine réveillé je débarque à l’ouverture d’une agence touristique pour prendre un billet pour Bangkok ou ailleurs. J’envisage même de rejoindre directement le Vietnam !

"Sawasdee (*)"

"Sawasdee ( ka ) (*)"

            La jeune patronne n’est pas belle mais charmante, très curieuse de mon pays, et fort sympathique de qui plus est. J’organise ma fuite de Phuket en train de nuit première classe pour quelques baths de plus.

           A mon hôtel le bus qui devait me pickuper n’est pas là. Par contre une grosse lady m'attend debout devant sa berline toyota flambant neuf air conditionné. Elle prétend remplacer le bus pour 100 kilomètres. Je ne la crois pas. La mammouthe parle à peine l’anglais mais je vois qu’elle s’énerve un peu. Elle  prend mon ticket et compose le numéro de téléphone de l’agence. A l’autre bout du fil, ma nouvelle amie éclate de rire.

                                            " Why you don’t want to climb in her car, Alexis? ".

           La brave ronde me conduit sans un mot dans une agence où je rejoins le bus, et repart chercher d’autres passagers. Quand elle revient, elle s’assied à la table où je mange pour me conter ses malheurs, son mari mort dans un accident de voiture ; Et insiste pour m’offrir mon déjeuner, son adresse, son adresse e-mail, … et je reprends un bus pour Bangkok.

           La route vers la capitale est parfois spectaculaire. De larges troncs blancs laissent deviner une forêt noire. Des collines ou plutôt d'immenses rochers tombent verticalement en des parois crayeuses striées. Le calcaire est souvent très lisse, présentant des renfoncements, des grottes, d’immenses ouvertures. Il est alors coloré de jaune, rouge, ocre, brun toujours entouré d’une épaisse forêt. Gare de Surat Thani, c'est la première étape. Tout le monde descend… le temps de changer de moyen de locomotion.

           Le voyage se poursuit vers Bangkok par train de nuit. Il y a deux couchettes par compartiment dans le wagon première classe et le miracle n'a pas eu lieu. Je ne partage pas ce tronçon avec une charmante thaïlandaise mais avec un charmant ingénieur qui a rempli l’espace entre les deux lits avec sa guitare, son sac, ses valises, son ordinateur et je ne sais plus…

           Mon voisin est curieux mais complexé. Un thaïlandais parle un mauvais anglais si on le compare à celui d'un indonésien ou d'un malais. Je comprends à travers ses explications qu'ils ont peur de parler avec les touristes et refusent même leur proximité. A Medan et partout en Indonésie nous sommes constamment abordés par des jeunes qui interrompent jusqu'à nos lectures ou notre déjeuner dans la simple intention de pratiquer leur anglais. Ici il est vrai que si je demande mon chemin je rencontre en général des regards effarés.?

           Nous parlons religions. Il est bouddhiste et croit aux fantômes.

                      " And you ? " me dit-il

                      " J’y croirai dés lors que je les verrai. " répondis-je en cartésien.

                      " Et si tu meurs, tu vas en paradis ou en enfer ? "

                       " Je pense passer quelque temps en enfer avant d’aller au paradis puis me réincarner. "

                      " Combien de temps ? "

                       " snake snake fish fish (*)...Je ne sais pas,  cela dépend de mon karma ! "

 

           Takatadum, takatadum, takatadum, les couchettes première classe sont presque luxueuses, mais la voie ferrée est calamiteuse, ça saute sans arrêt.  Le luxe consiste en un service de dîner à bord, la vente de cartes pour touriste, et un menu avec des plats locaux mal réchauffés…

           Un agent-contrôleur déplie les banquettes et les installe en lits superposés. Je découvre des toilettes trempées car elles y font aussi de douche. Mais ils y ont inventé, luxe suprême, le papier et la chasse d’eau.

           Sur mon ticket j’ai droit à cette délicieuse annotation :

 

Animals or strong smell foods/fruits

are not allowed in air conditioned coaches

http://www.srt.or.th

 

           Les durians carrément interdits dans les aéroports et les lieux publics de Singapour sont ici directement visés. Les chaos du train rendent difficile l’écriture de mon journal.

            Arrivée dans une capitale  qui grouille de monde. Sac au dos dans le quartier des routards, je suis sans cesse sollicité.  On m’a même proposé une chambre avec massage, une autre où je devais dormir sur mon sac, un dortoir complet. Je termine dans une sorte de vieille bicoque, une feuille de contreplaqué me séparant des douches toilettes. 

 

12/1/2003 -  A lucky day

            Chaque jour, je ressens un peu plus l'approche du terme de mon voyage. Avancent aussi mes réflexions sur le retour.

            Ce matin j’erre, je me laisse guider par mes grandes enjambées. Et un whereareyoufrom, la quarantaine  m’aborde. Méfiant par habitude devant un homme trop prévenant pour le touriste que je suis, je le laisse m’expliquer qu’aujourd’hui c’est mon lucky day car je peux profiter du dernier jour de promotion du tourisme ( je deviens deux fois plus méfiant). Je suis very lucky car pour 20 baths (1 euros= 43 baths), un tuktuk sponsorisé par le gouvernement peut me balader et s’arrêter où je veux, pourvu que ce soit en des endroits agréés par le ministère du tourisme.

            Un quart d’heure de riche conversation et quelques mots échangés en français me font comprendre que j’ai à faire à un thaïlandais educated. L'homme prend mon plan et inscrit en thaï les destinations qu'il me recommande de visiter. Et il me pousse vers un tuktuk en me répétant  plusieurs fois " It’s your lucky day ". Un étudiant fait démarrer l'engin au quart de tour au point que je dois maintenir mon chapeau d’une main et m’agripper de l’autre.

            Dans la cour du temple, devant un attroupement de touristes, une rangée de moines fait face à un homme assis seul sur une chaise. Je m'approche du groupe pour interroger l'un d'entre eux. L'homme reçoit l’ordination, rasé, tondu sous mes yeux.

            " Now he is a monk " me dit le type en orange. Et c’est devant le lucky temple que je rencontre un français, cuisinier à Lyon. Il se paye régulièrement ses vacances en Thaïlande en faisant un trafic "légal" de pierres précieuse.

           Pour cent baths t’as plus rien. Faux! Pour cent baths t’as une chambre d’hôtel où sur le mur t’as marqué " you better call it love " et toutes sortes de numéros de téléphone.

            Mais dans cette pièce que j'appellerais un réduit, t’allongeras jamais tes pieds dans le sens de la largeur. Et un pilier montera devant ton lit, t'empêchant d'ouvrir complètement la porte. Et une aération donne tout de même vers le couloir – Un luxe ! Un luxe qui évacue les chiottes à travers ma piaule !

            La saleté s’écrit sur le mur comme un poème, comme une histoire. Chaque couche raconte une histoire des habitants de ma piaule. Et je préfère ne pas lire celle de mes draps. " you better call it love ".

            Dans la rue en bas du "Central guest-house", un tri-roues, un cinq pattes vend des pattes d'insecte grillées en une sombre friture.. Et à coté, je ne le crois pas, huit, je les ai comptés, huit cafards bien noirs carbonisés…

            Et j’ai cette chance, une cliente. Elle demande ce gros cafard devant mes yeux. Il lui enveloppe une poignée de pattes noires et place l’insecte dessus délicatement. Pas d’appareil pour la photo ! ! ! !

            Délicieux Bangkok, paradis des achats. J’y trouve tout, tout ! ! !Tous les compacts de la terre y sont copiés. Un CD à 100 baths, pour le prix d’une nuit dans ma  cellule. Car je paye ma nuit exactement ce prix. J'ai trouvé certainement la crèche la moins chère de Bangkok.

 

 

 13/1/2003 - Bangkok

            Matin. Les vendeurs de tout passent le temps à rien. Je me taille en bus. En fin d’après midi j’entreprends le centre commercial de Bangkok, immense plate-forme moderne où toutes les inscriptions sont antitouriste-en-thaï.

Les hôtesses d’accueil sont charmantes. Je leur demande le rayon papeterie. Comprenant à peine l’anglais et ne le parlant pas du tout, elles orientent des thaïs en pagaille mais me lancent dans une mauvaise direction.

Baladeur mp3 en oreille, j'ai trouvé un compagnon qui me ferait presque oublier mon appareil photo: "Black trombone, monotone, le trombone c’est joli, tourbillonne, gramophone et bouillonne mon ennui… " Bien joué Serge !

Cette journée sera sans rien. Un luxe.

Une simple visite d'un temple et de son bouddha doré, un autre suit, célèbre pour son immense bouddha.

            Journée vide? Oh non ! Quatre café internet pour remplir ces mini-disques qui me feront écouter la musique des deux derniers mois. Fichtre diantre ! Deux mois seulement. Il me faut les prononcer pour les entendre. Le temps se remplit de ce qui vient, et bienheureusement de ce qui va venir. Alors un temps pour tout et tout a un tant.

 

 

14/1/2003 – Central Hostel

            Dans mon hôtel Central à 100 baths t’as que ça, t’as intérêt à être mince pour rentrer après minuit. Une chaîne ferme la porte, te laisse passer si c’est pas trop gras. Si t’es pas dodu, si t’es faible en Asie, tu meurs. Impossible de grimper les hautes, les très hautes marches du temple, te relever des toilettes et résultantes…

            Retour d'un temple où des oiseaux sont pris en otage. On marchande Ben Laden, Saddam Hussein ou Bush empalés à bout de pique. Juste devant, un vieillard m’aura attendu à la terrasse d'un café. Ainsi auront passé les premières heures après mon réveil.

           Le tuktuk, ce tricyclomoteur d'enfer ne distingue rien et ne craint rien. Dedans t’as la seconde d'avoir peur de rien, crever ou faire confiance. La tête coincée sous l'abri en toile, tu es aveugle, aucun spectacle sinon en te retournant. Le tuktuk de Bangkok est tout un poème.

           Alors Alexis, instant frayeur de rien, sinon celle de rentrer et de recommencer.

 

           Mon site marque 3483 visiteurs. Je note et informe seulement sur l’Indonésie. Seules les quelques personnes réalisant un site on-line en se déplaçant peuvent imaginer, mieux comprendre, le temps ou l'énergie de communiquer. Sur le web, les amis me souhaitent sur bon retour ou bonne année. Ils me la veulent selon moins tourmentée ou spéciale.  Parfois même ils me la souhaitent moins gonflée.

           Je réfléchis et me la souhaite déjà belle, mouvementée, dans la continuité du changement sans trop de balancier. Le passage au point d’équilibre est cependant nécessaire. Equilibre L’Oréal - Famille - Paris. Pétain est mort.

           Cet après midi j’ai continué mes collectes: Choix de CD, cybernet et minidisques. La ville est pourtant trop mégapole pour moi. Profiter véritablement de Bangkok est abandonner temples et visites, rester dans une chambre et réfléchir. La suite reste simple finalement. Rentrer à Paris, poser mon sac et discuter heures ou journées avec mon père. Reste à penser à emménager, veiller à être reposé pour travailler. Car la plupart me croient en vacances là-bas.

           Bangkok: Sur cette terre vous êtes toujours abordés, accostés… Mais que vous proposent ces bangkokiens ? "Lady with the pussy shaved (sic), tuktuk, visas et tours…".  Le reste s'étale sans précaution d'orthographe sur les trottoirs.

           "Where do you go" est aussi un sport local. Je ne peux plus dire le Jalang, jalang indonésien ou malais.. . Machinalement, je reprends juste "this way", la main désignant vaguement le prolongement de la rue sans jamais m’arrêter. "This way" pour exprimer énergiquement un "Fiche moi la paix".

           Soir d'un tour. Encore un café à touriste… Un skin déambule maqué pour ses vacances à une thaïlandaise en mal d’argent. Les touristes sont en mal de sexe. Elle est toujours jeune, paraît tellement plus évoluée que son ventripotent skin-head au blanc tee-shirt. Peu importe finalement. Ils trouvent chacun leur compte. Il paye, elle est satisfaite. Il est heureux.

           La rue est un spectacle. Jack fruit et fruit juice en tous genre. Mes tongs se décollent à nouveau.

La voie appartient aussi aux tailleurs de tête. Aujourd'hui pour la deuxième fois on me propose de me raser la crâne, en laissant les cotés. "It is nice" assure-t-elle en me montrant une photo de mannequins "It will suit you."

            Caméléon en vadrouille, je peux essayer. Pourquoi pas puisque j’ai encore trois mois pour revenir à la six-vie-lit-ta-ration. Pourquoi pas ? La véritable question est pourquoi ? Et celle la ils ne me la posent pas.

           Je n’ai peur de rien ni du résultat. Devenu un vrai radin à force de marchander je m’offre toujours des questions auparavant superflues. Et tellement essentielles. Pourquoi ? Ce mot simple et essentiel revient encore, excellent titre pour un bouquin!

 

15/1/2003 -  Bye bye Bangkok and Good morning Vietnam!

           Je préserve un peu ce cahier que vous ne pouvez voir sur le net. Il a besoin de soins et je le bichonne au Central, au super centre commercial comme ils disent. Une jeune fille sous les poufferies de ses camarades me plastifie gentiment la couverture comme l’aurait fait autrefois ma maman. Elle recevra sa photo sur son email gracieusement. Et ce sera son compliment. Mon voyage n’est pas d’intérêt public en Thaïlande mais j’ai droit à plus que de la sollicitude quand j’explique que je prends soin de mes cahiers.

           Today qu’ai-je donc fait ? Sinon enregistrer des CD copiés à peu de frais et prêts à être expédiés…

           Aux aurores, j'ai refusé taxis et tuktuk…Ce matin, j'ai acheté, enregistré trois CD encore. Que du classique mais quelle bonne idée !

           Midi arrivant, j'ai visité un marché flottant où rien ne flottait, pas même un touriste, le commerce n'étant pas en activité ce matin. A l'aube, j'ai déambulé sur un pont ferré qui m’a mollement fait penser à celui du pont de la rivière Kwaï.

           Le long retour à pied m'a marqué. Les marchés sont une source extraordinaire d'étonnement.

           Et le soir j'ai gravé mes photos… Récupéré in extremis mon passeport et mon billet d’avion du lendemain. Le Vietnam! Enfin!

           L’apothéose sera peut-être le Laos – mais je n’ai jamais écrit que j’ai refusé cinq fois un jus d’orange, trois fois une fille que l’on voulait me mettre pour quelques baths sur les bras, essuie-glacé des taxis qui tournaient en maraude.  Refusé toute sorte de sollicitations. Mais c’est facile ici. On vous cherche, on ne vous trouve pas et on se tourne vers un autre. Vous n’êtes pas agressé mais fortement sollicités. Un non et aussitôt vous êtes abandonnés.

           Demain, le Vietnam négocié sur Air France!

 

Lexique

Ada :                                       Il y a

Kob khun krub:                   Merci ( dit par un homme )

Kob khun ka:                        Merci ( dit par une femme )

Sawasdee ( ka ):                   Bonjour, bonsoir

Snake snake fish fish:         Un petit peu

 

 ET LA SUITE AU VIETNAM ...

LA THAÏLANDE EN 13 SUBJECTIVITES :

Pays:                                         JJLLL

Population:                               JJJLL

Paysages:                                 JJJJL

Alimentation:                            JJJJL

'Bon marché' de la vie:           JJJJJ

État des transports:                 JJJJJ

Communication, Internet:       JJJJJ

Propreté:                                   JJLLL

Envie d'y retourner :                 JLLLL

 

Villes préférées:                        Bangkok, mais je n'ai vue que celle là!

Mots les plus entendus:          Sawasdee

Pas Glop:                                    Phuket et son racket.

Glop Glop:                                  Le coût de la vie

Impression générale:              Bangkok est une mégapole avec son ghetto à touristes

Regrets / Pas le temps:           Peu de temps en général. Le nord de la Thaïlande.