
02/06/2002 - Arrivée
à St Petersbourg << Désolé pour les accents npn placés, mais je suis en terre cyrillique
>>
Premier pas vers la terre de mes ancêtres et en sac à dos,
test oblige.
Lesté de 5 kg d'archives pour la communaute orthodoxe qui
va nous accueillir mon père et moi, je m'approche des conditions
du globe-trotter.
Mon 'backpack' est enveloppé dans un vulgaire sac poubelle pour
éviter de le salir ou de l'abimer, papa lui, prend tout naturellement
sa Delsey.
Alexandre de l'association "La voix de l'orthodoxie" nous
attendra à l'aéroport de St Petersbourg pour récupérer la précieuse
marchandise de documents. Il nous conduira au nord de St Petersbourg
où on vivra chez une amie.
Le temps est ensoleillé et sec. Il fait au moins 20 degrés.
Je vis ici ma première 'nuit blanche', le soleil se cachant
seulement 1 heures à cette époque de l'année et à cette latitude.
Pouchkine décrit ainsi ces nuits particulières:
"Odna Zaria smenitje drougouyou spechit, dav notchi poltchiassa."
"Un crépuscule se hate de remplacer l'autre, laissant à la
nuit une demie heure."
Je commence à sentir la Russie promise. Les appartements des minguettes n'ont rien à envier à l'environnement et
le logement dans lequel nous sommes invités pour quelques jours. Nous resterons coincés par trois fois dans l'ascenceur
de l'immeuble dans une puanteur urinaire et sans lumière. Enfermés un quart d'heure durant dans l'obscurité, mon père et moi avons tambouriné une porte en ne recevant que la réponse de l'écho de notre vacarme. Le surlendemain,
l'eau chaude sera coupée. Ils font des travaux de chaudière. Trois jours plus tard, c'est l'eau
qui sera coupée pour cause d'inondation dans un un appartement
du dessous.
L'accueil est russe, très chaleureux. Ces amis nous ont preparé
un deuxième diner qu'il serait malvenu de refuser tant il est
proposé et imposé avec le coeur. Demain commencera la visite du
vrai St Petersbourg. La pluie nous attendra aussi.
03/06/2002 - Premiere
journée à Petersbourg
Le fils de notre hotesse, Serguei nous a donne sa journée pour
nous servir de guide.
Il nous conduit vers le métro. UNIQUE !!!
Un vieil escalier (c)roulant nous descend dans les abysses
de Petersbourg sous les marécages et sous la Neva ... à plus
de 150 m ( On prononce aussi bien St Petersbourg, que Petersburg,
Leningrad ... )
... A une vitesse qui nous intéresse à bien concerter le pied
et la main lorsqu'on s'agrippe à la rampe. Mélange cosmopolite
de personnes bien habillées, de militaires et d'ivrognes. Mon
russe suffit pour comprendre la moitié des conversations et
simplement me débrouiller.
Le METROPOLITAIN :
Le Jeune homme :
Droit et musclé, il est sombre. Lipu, le nez retrousse et les
cheveux raides, ses yeux clairs azurs fixent la vitre. Il est
habillé pour rester chez lui, mais peu lui importe ...
La jeune femme :
Lolita ou mannequin , elle est belle assurément. Des jambes
longues et élancées qu'elle sait mettre en valeur. La taille
très fine et le buste court. Habillée avec soin et élégance,
ses beaux yeux noirs semblent ne rien regarder.
La mémé :
Chétive et rabougrie, elle est courbée, le chignon en avant,
la peau flétrie, regardant ses chaussons, le sac entre les jambes.
Visite de la maison de Pouchkine avec une intense émotion, l'homme est un morceau entier de la Russie. Ici pas de reliques
mais l'âme d'un grand homme et d'un sublime poète.
Le lendemain, matinée ensoleillée. Balade sur les canaux en bateau sur
la Neva en compagnie de Tania et Marina qui nous rejoignent
des U.S.A. Sublime! Cette ville est un musée. Chaque immeuble
a une histoire, un interet, cette couleur pastel qui fait penser
à l'Italie ou aux Pays-Bas.
06/06/2002 - Le
père Alexandre
Droit, petit, la quarantaine passée, une fine barbiche, l'oeil
clair et le regard intelligent, le père Alexandre impressionne
par son verbe, par sa gentillesse et par sa disponibilité. Ce
père est un homme hors du commun. Il semble tout savoir. Physicien, il est devenu père Alexandre. Par conviction et
par passion.
Sous son égide, et en vrac, il gère: Une église qu'il rehabilite,
un orphelinat, une station de radio, un centre de vitiaz (scouts
russes), un centre d'accueil pour S.D.F., une école du jeudi
pour les enfants, un centre de réhabilitation pour délinquants. Il
travaille aussi pour les hopitaux et pour les prisons...
Aujourd'hui, il accueille vingt allemands, parrains de ces
orphelins. Nous partagerons le repas avec eux.
Il semble tout oublier pour nous faire visiter son église,
calme et serein au milieu de cette ruche.
Le déjeuner se prépare activement pendant qu'il nous fait visiter son
église. Il la rétablit sur une ancienne représentation religieuse
de Iaroslav. Le batiment l'abritant datant de 1717 et est en
voie de classement.
Les orphelins s'approchent très respectueusement de lui, mais
avec empressement pour se faire bénir. Notre
repas recevra aussi sa bénédiction.
07/06/2002 - Le
palais Petrodvoretz ?
Le père Alexandre nous conduit dans sa Nissan.
La pluie et Poutine contrarient nos projets. Le président
reçoit les pays baltes et a bloqué tous les accés.
Il a même fermé le palais Petrodvoretz construit par Pierre
Le Grand!
Nous nous rabattons sur celui de ses descendants. Et c'est
très bien!!! Un petit cottage privé, très privé,
très intime, style anglais ou seuls les proches avaient droit
d'entrée.
A voir absolument.
08/06/2002 - Départ
pour Pskov
Dix heures du matin. 'Otietz Alexandre' nous attend à la sortie
du métro.
Bref échange en l'attendant avec un russe invraisemblable
qui se faisait passer pour un reporter espagnol, une bouteille
de bière a la main. Il a ete détrousse par des chenapans alors
qu'il faisait de l'autostop. On lui a volé la montre de son
frère, mort en Israel, et il se retrouve là, avec une énorme
envie de parler...
Pskov, les racines de la grande Russie, alors que St Petersbourg
est celle de Poutine et celle des tsars. Quel joli raccourci
pour un voyage de 11 jours en Russie.
Pskov est certainement la ville aux églises. Du 12ème au 18ème
siècle, elles existent au coeur de la vieille cité tout les cents mètres.
C'est une ville musée et nous avons sans aucun doute un des
meilleurs guides avec nous en la personne du père Alexandre,
passionné d'architecture, d'histoire, de géopolitique, de topologie
et de religion. Il explique à certains guides les détails des
églises que nous visitons et se signe devant chaque monument
religieux.
La plupart d'entre elles sont recensées au patrimoine mondial.
Qu'espérer de plus? Le soleil est avec nous, il fait bon,
et on en verra une bonne quinzaine sinon plus. Chacune semble
mériter sa place et son histoire.
Visite du Kreml, forteresse abritant encore de très nombreuses
églises et la cathédrale de la Trinité ou nous suivons la messe
du soir. Il s'agit d'une des dernières célébrations de l'année
comportant encore les chants pascals que j'aime tant. En effet,
dans le calendrier julien, le jour de l'Ascencion, cette année là tombe le jeudi 13 juin.
Nous terminons par une cathédrale unique comportant des fresques
du 12ème siècle (sic) en cours de restauration. Extraordinaire...
Nous partons finalement pour la ferme du père Alexandre, a
110 km de Pskov. Un éducateur et sept pensionnaires délinquants
ou toxicos sortis de prison nous attendent. A peine arrivés,
ils courent vers le père se faire bénir, le regard empreint
de respect et de reconnaissance. Chaque début et chaque fin de repas
seront l'occasion d'une courte prière chantée, tourné vers les
icones de la cuisine où l'on mange. Tout les produits sont naturels,
produits par la ferme. Ils discutent l'achat d'une vache et
la fabrication du pain. Le père leur répond : 'Va pour la vache,
mais pour faire son pain ca revient trop cher.' Ils ont trop
a faire aussi ici avec le potager, les oies à garder et une maison d'hôte à construire.
(Bonne gestion de projet ;-) )
Natalia Robertovna, une suissesse dont la mère est russe nous accompagne depuis
le début.
Je n'en ai pas parlé par discrétion, la généreuse femme est volubile, pesante, agréable,
contradictoire, increvable, omniprésente, nature,
sans-gene, et argentière en partie du père Alexandre à travers
une association qu'elle anime avec talent. Bon, elle est très
sympathique aussi.
Notre expédition ici aurait été différente sans elle. Elle
récitait Pouchkine avec le père Alexandre et mon père dans la voiture
et ne pouvait s'empêcher de tout photographier. Et bien sur,
elle parle russe, allemand, francais, italien, un peu anglais...
Ses grands parents ont tout plaqué pour exporter les
vaches des vallées suisses et les croiser avec les variétes
russes pour fabriquer du fromage. Les vaches "Emmental" qui portent toujours
ce nom ici, et bien évidemment le célèbre fromage.
09/06/2002 - Pouchkine
- Mixailovskoe et Trigorskoe
Journée Pouchkine ... Un pélerinage pour Natalia et le père Alexandre,
une rencontre pour nous.
Tout commence par une promenade a travers la forêt de pins,
de bouleaux et de chênes jusqu'à la résidence Mixailovskoe de
Pouchkine. Cette demeure modeste a été rasée puis reconstruite
sur plans et documents sous l'impulsion d'un inconnu passionné.
Et ce, au temps fort du marxisme qui cherchait à donner ses
repères alors que le parti voulait une adhésion du peuple. Impossible
pour lui d'éliminer Pouchkine ou Pierre Le Grand.
Cet inconnu a intéressé le parti qui lui a alors donné le
pouvoir et les crédits nécessaires pour réhabiliter la demeure
du poète.
Le jardin seul mérite le détour. On s'y croit dans un tableau
de Monet, des jeunes femmes se promenant ombrelles déployées
dans l'herbe des champs. Ou plus loin encore devant le pont
enjambant une pièce d'eau aux nénuphars. Avec le parfum et les
chants des oiseaux en plus...
Il y souffle une inspiration, on pense a lui.
On continue vers la propriété Trigorskoe de ses voisins. Une
guide consciencieuse mais au style kalatchinikov (50 mots à la minute) me fait fuir. Je ne comprends rien. Je quitte le groupe pour
visiter seul le musée sur des patins en plastique poubelle
imposés à l'entrée.
Pour payer trois fois moins cher la visite, il faut être russe.
Alors je me tais et laisse opérer ici mes ainés.
10/06/2002 - Retour.
Coqs à toute heure
Nuit un peu agitée. Ici tous les coqs sont déréglés. Ils sonnent
à n'importe quelle heure du fait des nuits blanches. Mettez vous
donc à leur place.
Après ces trois jours passés dans la ferme du père Alexandre, c'est
le retour. Difficile de se laver car seulement un mince filet d'eau froide
coule doucement dans le lavabo.
Les cigognes sont très nombreuses ici et l'une d'elle claque
du bec sur la réserve d'eau où est perché le nid familial. Dick,
le chien de la ferme, nous saute dessus en laissant ses poils
sur nos habits. Les pensionnaires s'activent dans les champs
a sarcler le potager et a préparer notre petit déjeuner.
Nous mangeons ce matin des oeufs d'oie sur le plat, des concombres
et de l'ail mariné (très bon), servi avec du thé bien sur
...
Le retour! Six heures de route annoncées vers St Petersbourg.
Le soleil tape, il fait bien entre 24 et 25 degrés.
Nous visitons le monastère où le corps de Pouchkine a été
ramené après son tragique duel avec Dantes. Puis sa tombe fleurie
contre le flan de l'église. Une femme lit sur un banc, les écrits du poète très
certainement. Cette semaine est célébrée l'anniversaire de sa mort. Et c'est l'occasion de nombreuses fêtes et commémorations.
11/06/2002 - St Petersbourg - L'Ermitage
Retour en H.L.M. Problème de canalisation dans tout l'immeuble et nous n'avons que l'eau des voisins de palier pour se laver. Si nous avions su, nous aurions accepté la Bania de la ferme de Pskov. Une Baina est une bassine d'eau chaude ,
de la vapeur, et une branche pour se flageller et fouetter le sang
(rires). Ou pour faire circuler la vapeur d'eau. La tradition est très
populaire dans la région... Et assez différente de celles pratiquées en Finlande ou en Suède, bien que basées sur le même principe.
Nous l'avions refusé du fait des mouches et des moustiques
annoncés par l'éducateur du centre, rebutés par l'éventualité d'une eau mettant
un temps extrèmement long à chauffer... Et puis nous avions l'assurance d'une douche (froide) en rentrant sur St Petersbourg.
Maintenant, nous devons partager une bassine d'eau pour cinq...
Bon, ca fait partie du voyage.
Le petit déjeuner chez notre hotesse est copieux. Elle n'a
pas le sou mais elle est allé chercher du caviar russe et fait
des blinis a notre intention.
Toute la famille est là ; c'est la fête!
Tout va bien, il fait beau, et je vous salue mes amis.
Cet après-midi nous avons rendez-vous au musée de l'Ermitage avec la
responsable des guides pour groupes scolaires. Nous traversons
la grande place séparant l'Ermitage du ministère des affaires étrangères. L'entrée enfin: Mon père demande son amie à l'accueil,
nous passons les controles , ... sans payer... nous sommes invités !!!
L'Ermitage est plus qu'un musée, c'est un ensemble de palais
communiquants. Quelle sublime facade. L'extérieur aussi se visite.
Parler de l'Ermitage est aussi compliqué que de parler du
Louvre. Tout y est foisonnant. Les Van-Dick sont superbes, les
Rubens, mais aussi les impressionistes superbement representés,
les Rodins, les Bourdelles...
Comment raconter un tel lieu? Ici les francais seront toujours
à l'honneur. Quel musée!
Allez-y !!!
12/06/2002 - Repos
avant la grande boucle ...
Les
musées, les magasins, quelques cadeaux. Je pars demain a Paris,
et je profite de mon père que je ne verrai plus pendant plusieurs
mois.
13/06/2002 - Envol vers Paris
...
Une Volga noire m'attend au pied de l'immeuble. C'est mon taxi.
Je fais mes adieux à Ariadna, à sa fille et à un de ses petits fils. Puis c'est la gorge serrée que j'embrasse mon père pour les dix mois à venir. "C BOGOM". Que Dieu te protège.
Le trajet coûtera 450 roubles (100 F) pour une heure de trajet vers l'aéroport. La grande Boucle démarre véritablement aujourd hui.
Mais quel merveilleux prologue j'aurai vécu avec mon père !
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A SUIVRE ...DESORMAIS VOUS AUREZ DES NOUVELLES SUR QUITO ... |