Indonésie - Tour et Détours d'Alexis Solovieff

Guide du routard

 

Maison

Malaisie

Australie

 

Indonésie

 

 

5/11/2002

3/01/2003

http://www.indonesiatourism.com

 

A la suite de quelques remarques je renvoie certains mots par leur astérisques(*) à un lexique en bas de cette page.

 

 

BALI

 

 

Bali, belle île en mer.

Bali, huit degrés seulement au sud de l'équateur, une du millier d'îles que constitue l'archipel indonésien.

            Population hindou à 95%

 

 

Saint Christophe, patron des voyageurs, priez pour nous, et gardez-nous du mal.

 

 

6/11/2002: Bali - Kuta - Aéroport.

 

Contrôle d'identité. Un officier me demande mes papiers, où je vais, combien de temps je reste.... Dans quel hôtel, levant le menton, arrogant au possible. Je lui indique celui que j'avais repéré dans le Lonely planet de l'aéroport. Classique! Il ne connaît pas. Et alors? me direz-vous. Et alors il me demande mon billet de sortie du territoire. Bien sûr, je n'ai rien mais je peux en acheter un demain. J'attendrai. Il m'emmène dans son bureau. Si je l'aide, il m'aidera. 20 US dollars l'aideraient, rien que ça.

L'officier véreux me laissera partir après que l'on ait bavassé de la pluie et du beau temps. J'ai sauvé mes vingt dollars.

 

            Je plante le camp dans un palace déserté et donc facilement négocié à quelques 300 mètres de la plage.

 

Pendawa Bungalow

Kartika Plaza Street

Br. Tegal Kuta

Kuta Beach - Bali

Phone: (0361) 752387 - 757777

 

 

 

On est d'emblée séduit par la grâce et le sourire de ces balinais. La religion semble inséparable de leur quotidien. Les femmes déposent devant le pas de leur porte, de leur magasin, dans les temples ou sur les pare-brise des voitures des offrandes confectionnées pour les dieux. Elles sont en sarong, jamais baissées, toujours accroupies, presque agenouillées sur les trottoirs, pour disposer puis bénir ces cadeaux dans une grâce infinie.

 

Dans la rue, un jeune me fait gratter un ticket gagnant. C'est comme aux îles Canaries. On gagne à tous les coups. Et pour retirer son lot, l'organisation demande une visite d'une heure d'une de ces resort palace en bordure de la plage. Je sillonne la ville en scooter derrière James qui m'explique la règle du jeu pour gagner. Je dois être 'qualified'. Qualified suppose répondre à certains critères. Par exemple, habiter un hôtel perché tout en haut dans les étoiles tel le Hard Rock Café sur la plage de Kuta,...

Je perds ma qualification quand je leur explique que je suis en vacances pour one year.

James est mort de rire en m'expliquant mon erreur. On devient vite pote. Il m'offre un tee-shirt XL qui me va à peine comme un M, et un couvre-chef très soigné. Thank's Jimmy!

 

Le soir, je fais une rencontre qui marquera le début de mon voyage en Indonésie. J'arpente les rues du centre-Kuta quand César m'aborde pour me demander (comme tous les Indonésiens du reste) qui je suis. C'est à dire mon nom, ma nationalité, mon âge, où je dors, si je suis marié, etc....Quand je lui explique que je suis français.... Il veut me faire rencontrer à tout prix sa sœur qui part chercher un travail d'infirmière en France début décembre. Je ne verrai pas sa sœur mais son père et un de ses frères, Alex.

Le père me fait l'honneur de me faire patienter longuement afin de s'habiller le mieux possible pour l'invité de marque que je semble représenter à leurs yeux.

Alex a un beau prénom! J Il est croupier professionnel et veut me montrer un peu de son skill!

 

J'ai droit en préliminaires à un long rappel des règles du jeu.

Il coupe et distribue le jeu dans un seul mouvement. Deux cartes de chaque côté. Celles du croupier sont découvertes, les miennes retournées dans ma main.

J'apprends ensuite les règles du black-jack poker de Tasmanie ainsi que les consignes internes du meneur de jeu au casino.

 

-          A 16 et en dessous tu arrêtes!

-          Egalité, tu stoppes, ...

-          Etc.

 

 

Il m'apprend ensuite à tricher! Tout d'abord à gagner avec 50% de réussite, puis avec 100% de réussite.

 

Si sa dextérité te fait entrevoir ta prochaine carte, tu ne perds jamais. Si tu es assez rapide pour interpréter les signes décrivant la valeur de sa deuxième carte, tu gagnes à 100%.

 

Et pour finir, je suis testé pendant une heure. I want to see how smart you are at this game.

Ces soixante minutes me seront suffisantes pour être sûr de gagner avec sa complicité. Quand il m'a senti prêt, il m'a proposé son deal.

 

Je m'attendais à cette proposition et le laisse tranquillement me raconter sa triste condition de croupier, traité like a dog, payé dix pour cent des gains à répartir entre lui et son équipe.

 

Et un milliardaire de Bahreïn vient chez lui ce soir pour une partie privée. Mon nouvel ami pense avoir trouvé en moi son futur complice.

 

Désolé Alex, mais je ne t'aiderai pas à plumer celui qui ne t'a jamais donné que de ridicules pourboires.

 

Bons joueurs, ils me raccompagnent finalement à mon palace de quatre sous. Pendant le trajet, César reçoit un coup de fil de l'hôpital où sa femme est en train d'accoucher. C'est une petite fille. Comment va-t-il l'appeler? ... Il hésite, me regarde... puis... Alice, it is close to your name, ...

 

Je n'en crois pas mes oreilles! Je lui dis juste un mot sur Alice, ma fille aînée, et descends vers le Pendawa Bungalow.

 

 

 

 

7/11/2002: Bali - Kuta

 

            Dans les rues de Bali, on se salue. Et je me retrouve à nouveau perdu pour répondre dans la langue du pays. Chaque fois, le mot qui me vient à la bouche pour répondre aux regards amicaux des passants est un Hola bien espagnol.

           

            Mon premier hôtel ne m'avait pas séduit mais le gamin avait deux catégories de prix pour des chambres identiques. L'une étant calme, l'autre proche du ... poulailler. Et j'aurais dû armer à nouveau mes réflexes d'Amérique du sud.

 

A Kuta, les coqs sont bien là et très en forme. Les bestioles sont armées pour 5h30 ici. Impossible de dormir à partir de cette heure, et j'ai l'impression d'avoir affaire à un exercice de vocalise. Il y a même un fausset dans le groupe.

 

 

 

8/11/2002: Bali - Kuta Coqs

 

            La route vers la plage est pénible. On a deux possibilités. Marcher du côté de la rue exposé au soleil ou du côté des échoppes où on vous agresse de sunglasses, transport, massages, girls, enquêtes, coupons gagnants pour visiter les resort, et j'en passe.. . Et même si vous choisissez l'enfer du soleil, vous vous faites héler par des 'car', 'where do you go sir?', ou de 'transport' accompagnés de mouvements de rotation de virtuels volants...

 

La plage est superbe, mais pour y accéder, vous devez repousser, de no thanks les vendeuses de souvenirs, tee-shirt, et autres... A nouveau sur le bord de mer, les masseuses vous sollicitent. Elles sont formées, assermentées, et numérotées sur leur curieux chapeau chinois. Une centaine au total ont acheté cette licence.

Trop chaud, trop chaud, trop chaud.... Je me baigne et je me casse.

 

Je découvre avec ravissement un jardin d'orchidées derrière un hôtel de troisième classe.

 

Sur le retour, James veut se faire photographier et il a raison! Il m'a offert un superbe couvre-chef soit disant balinais mais certainement hand-made. L'adresse email qu'il a choisi me laisse à penser que nous avons des points communs. (jimmycarter29@hotmail.com Si vous avez des blagues en balinais sur Jimmy Carter, envoyez-lui!).

 

Les Mac-Donald adaptation locale me séduisent autant que les M&M's.

 

 

 

9/11/2002: Bali - Kuta

 

 

Ces superbes fleurs qui jonchent tous les trottoirs sont des Bunga(*) Kamboja (Indonésie : Fleur du Cambodge), Bunga Jepun (balinais) ou Frangipan tree (anglais)

 

 

 

10/11/2002: Bali - Ubud

 

 

Ubud:             8000 âmes

Ville des artistes.

 

 

La route qui conduit vers le centre de l'île tournicote tranquillement de bled en bled.

 

Un Ubudien me conduit vers le Jati hôtel que je négocie pour quelques 60 000 roupies, breakfast inclus. Pour faire tourner le loquet de la porte, il faut soulever la clenche en actionnant la clef. Au deuxième essai, on devient familier avec ce tour de main. La chambre est très sommaire, les murs et les meubles sont en bambou, tout comme le toit, impressionnant, presque vertical. Une porte ouvre sur une petite terrasse qui surplombe une rizière, ... La terre fume, le paysage est étourdissant. Au soir, on s'endort sur le coassement métallique des crapauds.

 

 

JATI

Hanoman St.

Padang Tegal

Bali - Indonesia

Telp.(0361)977701

E-MAIL: jati_hs@hotmail.com

 

 

Le propriétaire de mon logement est peintre. Plus exactement, je devrais présenter le peintre comme propriétaire. On voit en lui le bonheur de vivre. Trente cinq ans de toile, tous les jours et sans arrêt. Il me parle avec passion de ses essais et de ses oeuvres détruites puis reconstruites. Et il me déballe dans la cour tout son atelier, puis son existence entre deux expositions à Amsterdam ou à Birmingham.

 

Le petit peintre souriant m'envoie au Musée Neka qui lui a acheté une toile. Mille roupies l'aller et mille le retour m'assure t-il. Lui aussi aime marcher. Ce n'est pas loin, répète-t-il. Le lourd soleil tombe d'aplomb, rendant la marche très pénible. Le long de ce calvaire, je vais boire près de deux litres d'eau. Les taxis et les bemos(*), s'arrêtent pour me demander si j'ai besoin d'un transport. Non, je n'ai besoin de rien, je veux marcher. Mais c'est à trois kilomètres. Qu'importe! J'ai bien failli craquer vers la fin car le chemin monte très sérieusement. Et un paradis surgit derrière une pancarte, entre deux colonnes: Le Lotus Cafe. Il s'agit d'un temple que je distingue au loin derrière des arbres très élevés. Son jardin est un rendez-vous de peintres. Fabuleux site. Les nénuphars y sont comme dans un tableau de Monet, et les peintres en herbe ou plantes exotiques esquissent, croquent ou se portraitisent sous les regards intéressés des visiteurs. Je fais une halte curieuse et rafraîchissante avant de reprendre mon dernier kilomètre.

 

Le musée Neka est aussi un éloge à Neka. Tandis que je paye les 10 000 Rps d'admission au du musée, le guichetier me souffle « Regardez, c'est Monsieur Neka . »

Et le bonhomme longiligne et grisonnant se présente à moi, puis vient s'asseoir à la terrasse du café de son musée, à ma table. Je lui explique que je suis envoyé par le peintre Jati.

Et sans rien me demander, il me dédicace le guide du musée. J'oublie un instant Monsieur Neka et déchiffre les traditions et légendes de Bali et de Java à travers la peinture descriptive ou pseudo naïve des peintres locaux. Beaucoup d'œuvres foisonnent de corps entremêlés noyés dans un foultitude de détails. On prend ici la mesure de la richesse artistique balinaise. Ce musée remarquable me fait entre autre découvrir un peintre hollandais nationalisé balinais. Arie Smit, est un fabuleux coloriste au style proche de celui des expressionnistes allemands. Je reviendrai plusieurs fois dans le pavillon qui lui est consacré.

 

http://baliwww.com/bali/arts/arie.htm

 

 

 

Par contre, je retrouverai Neka dans plusieurs salles qu'il s'est lui-même consacré. Neka avec le président, Neka décoré de je ne sais quelle honorifique distinction, Neka sculpté, Neka peint par tous ses amis, Neka, Neka, et toujours Neka...

 

Je vous laisse deviner quelle est la personne enturbannée qu'Arie Smit est en train de peindre sur la première photo!!!

 

http://www.asiafoto.com/ariesmit.html

 

 

 

Un grand merci tout de même au personnage qui a construit ici un fantastique musée. Si le hasard ou le destin vous fait passer à Bali, je vous engage à visiter le Neka museum.

 

Neka Museum,

Ubud,

Gianyar 80571

Indonesia.

Tel +62 361 975 074

Fax +62 361 975 639

 

Le soir, sur mon étroite terrasse, je me fais piquer par un premier insecte. On m'avait pourtant dit qu'Ubud ne risquait rien. Tout le monde s'y promène d'ailleurs en tee-shirt. J'ai bien pris mon deuxième lariam hier, mais j'asperge corps et vêtements de fioles anti-moustiques avant de rejoindre le stadium où a lieu un spectacle dédié à la sanglante tragédie de Kuta.

 

11/11/2002 : Bali - Ubud - Monkey Forest - Arma Museum

 

            Pour 50 000 Rps, Wayan, sculpteur sur bois s'improvise chauffeur et me conduit une demi-journée où je veux.

            On passe devant des cages contenant des spécimens du meilleur ennemi de l'homme au petit matin, et je visite son atelier où l'artiste pose à coté de son chef d'œuvre.

Iwayan DARMA

Mas. Ubud

Bali INDONESIA

Thp. : 0361- 954984

Cellular :0818 352294

 

            The sacred Monkey forest : Les macaques sont partout, dans les arbres ou en travers de votre chemin. Les Indonésiens viennent puiser l'eau sacrée de la fontaine au milieu de cette jungle où des enfants jouent à asticoter nos cousins.

            Je déjeune d'un nasi campur(*).

            L'ARMA muséum est encore un immense musée. Des toiles très classiques retracent l'épopée hindoue du Rãmãyana.

 

 

Agung Rai Museum of Art (ARMA)

UBUD,BALI,INDONESIA

TEL:(361)-975742,976659

 

http://www.chica.com/arma

            A la sortie du musée j'ai le bonheur d'assister à une leçon collective de gamelan(*). Je ne me lasse pas de les écouter et de les regarder, c'est un vrai délice!

            Sur le chemin, je m'arrête longuement pour assister à une crémation.

Les touristes sont bienvenus à condition d'être vêtu décemment (pantalon ou jambes couvertes d'un sarong). La cérémonie coûtant cher, on a du enterrer le mort pendant que la famille réunissait l'argent. Il peut se passer un mois entre le décès et la crémation.

 

La tour de bambous et de papier est prête. Les villageois attendent le début de la cérémonie. La circulation est interrompue pour permettre le passage du cortège. Après la bénédiction d'un chaman, la procession se met en route au son des gamelans(*). L'orchestre prend les devants. Le corps est transporté dans une tour, et une dizaine de porteurs le font pivoter dans tous les sens, aspergeant les passants d'eau sacrée. Ceux-ci suent sang et eau pour l'agiter et le faire ruer tout au long du parcours afin d'éviter que les mauvais esprits retrouvent le chemin du village. Le bûcher est ensuite allumé. La foule se retire et les quatre jours de préparatifs se terminent en fumée...

 

 

12/11/2002 : Bali - Ubud - Dali à Bali

            The Blanco Renaissance Muséum

                                                             www.blancobali.com

 

Blanco est un peintre catalan généreux, extravagant, talentueux, superbe!

Décédé il y a deux ans, il fut l'ami de Dali, de Picasso et de Michael Jackson, amoureux des Rolling-Stones et du surréalisme. Sa muse fut une superbe danseuse qu'il a rencontrée ici à Bali. Des sculptures dorées ornent la terrasse qu'il a lui-même dessinée, en toute liberté. Peintre, j'aurais aimé être Blanco, Dali à Bali !

Je mange à la sortie du musée un délicieux "Manggis"(*), fraîchement tombé de son arbre. Le fruit est savoureux malgré son odeur putride de munster en pleine déroute.

De retour le soir, un français m'apostrophe dans le café internet où je grave mes photos. "Si tu veux de l'eau, il y en a dans une petite boutique à coté". Philippe raconte sa vie, son bateau qu'il a construit, loué et retrouvé complètement saboté par des américains. Il a épousé aussi une balinaise. Suite à une rupture d'anévrisme, il arrête la plongée et s'apprête à faire l'élevage d'huîtres perlières.

Réveil en pleine nuit. La jambe me pique, me brûle. D'un geste réflexe, je repousse insecte et drap pour allumer la lumière. Aucune trace du lâche animal qui m'a éperonné. Ma jambe est lisse comme les fesses d'un bébé.

Mais la douleur fera son chemin toute la nuit jusqu'au crépuscule du lendemain.

Address
The Blanco Renaissance Museum
Campuan, Ubud
Bali - Indonesia
P.O. Box 80571
Phone. 0062 0361-975502
Fax. 0062 0361-975551
e-mail a-blanco@indo.net.id

 

 

13/11/2002 : Bali - Besakih - Tirta Gangga - La piscine du Rajah

 

            Au pied du Mont Agung se trouve Besakih, the mother temple ou le plus grand temple de Bali, devenu aujourd'hui un repère des rares brigands et sacripants de l'île. La corruption est la règle ici. On doit contourner les routes où les policiers embusqués demandent un droit de passage de 20 000 Rps.

Devant le temple, on me demande de l'argent pour entrer, pour payer ce gardien qui s'impose comme guide, pour une donation, pour prier (Oui, pour prier !), pour acheter le sarong ou pour l'indispensable ...

            Un des nombreux et très talentueux sculpteur d'os et de noix de coco me laisse photographier une de ses œuvres représentant une des scènes du Rãmãyana.

            Je fais arrêter le taxi devant l'immense lac qui habite le cratère du volcan Batur.

Je demande de faire route vers Tirta Gangga. C'est dans ce village que le rajah de Karangasem a fait construire un 'palais d'eau'. Les deux sérénissimes piscines du propriétaire sont immenses. Pour six mille roupies, vous entrez. Sol en cailloux, poissons, quelques herbes et un touriste. Je plonge dans l'eau rafraîchissante du roi alors que le soleil cherche à me rougir la peau. Et les enfants balinais sont comme leurs parents. Ils me demandent d'où je viens, qui je suis, si j'aime Bali et si j'ai peur des bombes !

            Chaque journée me fait apprécier un peu plus combien les Balinais sont des gens extraordinaires. Ils parlent toujours balinais, indonésien et anglais. Très souvent ils sont capables de converser en javanais. Et à chaque occasion, ils vous apostrophent en français, en allemand, en hollandais ou en japonais, s'efforçant toujours de continuer la conversation dans votre langue.

            Chaque balinais est capable de vous dire «Bonjour, comment allez-vous». Hier, un jeune de seize ans, guitare en bandoulière grattait au bord de la route avec ses deux copains. Deux minutes plus tard, après m'avoir demandé mon état civil, il entonnait «Sur le pont d'Avignon, on y danse...» suivi des deux premiers couplets! Texte, paroles et gestuel, il connaît parfaitement la chanson ! Je reste simplement stupéfait!

Un hindou enturbanné et torse-nu me hèle alors que je négocie une livre de fruit de la passion sur le bitume devant un café. Comme tout bon balinais, il sourit et me demande mon C.V. avant d'évoquer son séjour dans le sud de la France. Mon nouvel ami à l'allure très androgyne, il me fait penser irrésistiblement à un eunuque.. Entre deux fou-rires, il raconte son voyage de Marseille à Paris. Car cet homme, cousin de feu le radjah a une fortune suffisante pour pouvoir s'offrit une telle expédition. La vision d'un Indonésien en France comporte de nombreuses similitudes avec celle d'un Paul Hogan dans le métro de Paris (c.f. Crocodile Dundee).

Fatigué d'avoir conduit d'une traite les kilomètres d'un Marseille-Paris, il s'endort dans un parking. Un bras lourd frappe au carreau de sa voiture. Un africain musclé le réveille. Malgrès son uniforme, Putu (pron. Poutou) ne le considère pas comme un policier puisque ce monsieur est couleur ébène, donc étranger. S'ensuit alors une conversation insensée.

-          D'où êtes vous ?

-          Indonesia

-          D'où ça ?

-          Indonesia, close to China,...

-          T'es d'Inde ?

-          Oui oui oui...

 

Le flic se bute devant l'indigène et lui pose toute sorte de questions qu'il ne comprend pas. Putu se contente de satisfaire son interlocuteur en répondant systématiquement des oui oui oui... L'incompréhension entre ces deux êtres si différents se rejoint dans le rire. Le black se lasse, et le laisse partir.

Putu prendra son temps le soir avant d'oser monter l'escalier de son hôtel car, m'explique-t-il, le bâtiment est tellement vieux que les murs ne sont pas droits. Putu dormira mal ce soir là.

Je laisse mon ami pour remonter le chemin en direction d'Amed. Un restaurant japonais me donne un point de vue formidable pour contempler le paysage en buvant un jus de mangue. L'endroit est précieux.

Les rizières de Tirta Gangga constituent sans aucun doute la dixième merveille du monde.

Mes voisins de bungalow sont venus assister à un mariage. Je suis leur invité très honoré pour la festivité du lendemain.

Je dors dans un bungalow face au palais du rajah, et réciproquement. De la chambre de mon hôtel, j'entends toute la nuit couler l'eau sacrée des rizières.

 

RIJASA Home Stay

Face au Water Palace

Tirta Gangga

           

 

14/11/2002: Bali - Tirta Gangga - Mariage Hindou - Avec un nippon devant un Nasi Goreng(*)

           

Tirta gangga signifie littéralement Eau du Gange.

C'est terriblement long, un mariage hindou.

On tue le temps, assis très dignement sur une chaise, attendant la venue du prêtre et les mariés pour la cérémonie. Deux cent personnes sont comme moi, alignées sur des chaises de plastique blanc devant une estrade. Pour l'occasion, j'ai emprunté un magnifique sarong et une ceinture à mon hôtel. L'attente devient interminable sous le soleil ! Heureusement, mon voisin est aussi bavard et curieux que moi. Le prêtre arrive enfin, fait le rapide discours qui ouvre la party, et s'excuse devant moi de ne pas le traduire en anglais (Je suis le seul occidental de l'assemblée). Je réponds comme je peux par un merci balinais. Un cochon rôti est embroché, planté verticalement sur ma gauche. Nous tournons ensuite devant un buffet très copieux avec nos assiettes en carton. C'est presque un banquet classique si je ne regarde pas le contenu de mon assiette. Le riz accompagne toute sorte de salades terriblement épicées, de délicieux manggis (exquis fruits exotiques typiquement balinais), de gâteaux de riz enveloppés dans des feuilles de coco. Toutes ces friandises sont accompagnées de tuak(*) (un vin de palme).

            Le soir, je rencontre dans le café faisant face à mon hôtel, un vieux nippon, yeux bridés, front et joues ridés. Un vieux fou de japonais qui a établi ses quartiers un peu plus loin, dans un bungalow derrière le palais du Radjah.

            Installé ici depuis un an, Surya parle mieux indonésien qu'anglais et pratique trois fois par jour la méditation. Je le comprends péniblement.

-          I am dangerous lâche le jap. en se présentant.

-          Why ?

-          Because I am a moskito

-          I am dangerous too ( Et je sors l'insecte écran de mon sac)

Il est alors subitement secoué par un rire sans fin.

Il est là car la terre est puissante en énergie me dit-il en me tendant sa bouteille contenant de l'eau sacrée. Le personnage, c'est peu dire, semble tout droit sorti d'un album d'Hergé. Je suis invité le lendemain à visiter ses appartements. 

            Wayan, un jeune curieux, m'explique culte et tradition balinais hindou. Pourquoi telle plante pousse ici, son symbolisme et ses propriétés curatives. Le temple à de nombreux aspects sociaux m'explique-t-il. Ne confondez pas culture et tradition. Je le laisse parler pendant une demi-heure. Il poursuit : « Je peux vous raconter les livres en sanscrit de mon père ». J'entrevois dans ses explications la complexité de l'hindouisme balinais comparé à celui de sa grande soeur indienne.

 

            Et cette conversation se déroule moitié en français, moitié en anglais. Wayan est un ami de Surya qui lui enseigne la méditation. Les prêtres dans le temple commandent la pluie sur les rizières. Son ami japonais ne l'a pas cru jusqu'au jour où il l'a emmené. Il pleuvait tout autour du temple, mais pas sur le lieu de la cérémonie. « Ne crois pas mes paroles mais viens voir, je préfère. Je te montrerai. Je t'apprendrai. »

Soudain, le garçon s'excuse de m'avoir interrompu dans la lecture de mon livre. Il doit se diriger vers le temple pour aller prier. Il me propose de l'accompagner demain pour travailler dans sa rizière ou tout simplement pour le photographier aux champs. «I am a farmer you know. I have no instruction». A peine vingt ans, pas d'instruction, seulement de la connaissance.

 

15/11/2002 : Bali - Retour forcé à Kuta

            Mes lariams laissés dans mon grand sac à Kuta, je dois reprendre un shuttle bus à regret vers Kuta pour ma ration malariame immunisante forfaitaire hebdomadaire du vendredi.

Le voyage est fichtrement long ! J'attends une heure le bus qui ne viendra pas, faute de clients en partance pour Lovina beach (Nord de l'île). On me dépose pour 5 000 Rps au village le plus proche Karangasem. Les 3 000 Rps suivant me conduisent au terminal de Denpasar. (30 000 Rps et 3 heures pour 78 km !). Et je continue avec un autre bus puis dans un bemo(*)

Des travaux un peu partout sur la route sont signalés par des pancartes :

 

HATI-HATI

ADA

PROYEK

(*)

 

16/11/2002 : Bali - Kuta

            Mon number one crânien (cf. Australie Sydney) a changé d'unité. L'attribut millimétrique est devenu centimétrique. S'ensuit alors une méditation dalaïlamesque et Nietzschéenne sur l'impermanence et la théorie de l'Eternel Retour.

Mes vêtements kakis et mon allure trompent les indonésiens. Je suis allemand ici, et policier de surcroît, sinon militaire !

           

17/11/2002 : Bali - Kuta - Prohibition

 

            Je salue ma dernière soirée dans un All Stars Surf Cafe

Restauband de Kuta, près de l'hôtel en compagnie d'une amie suisse allemande. Le boui-boui prévient la réception de l'hôtel qu'ils ont retrouvé mon passeport sur une chaise. Sur le retour vers le restaurant, les indos m'interpellent sans arrêt :

 

-         Marihuana, marihuana, cheap,...

 

Karine me désignant: 'No drug, No, he is a policeman'

 

Je demande alors fermement ses papiers au revendeur qui se recroqueville, joint ses mains et me regarde, suppliant, la trouille au ventre. J'ai pitié de lui et le laisse partir sur un magnanime:

 

-         ' No more of that stuff again, ok?'

 

Et le malheureux s'enfuit à reculons, complètement effrayé.

 

Bureau de change. Le gardien est endormi sur son fusil à pompe. Je laisse cent dollars américains et ressort millionnaire en roupies.

 

18/11/2002 : Bali - Kuta - Envol vers Florès - Kanawa Island

 

 

            Je packe un petit sac pour dix jours environ. Ma base reste Kuta, je vole vers l'île de Florès, à l'est et projette de remonter vers Bali en tongues, bus, bateau, ferry, cheval et whatever...

 

Le Fokker F-27 dépose son lot de cinq touristes à Laban Bajuo (Florès), dans un atterrissage plein de rebondissements très virils..

 

            Je suis deux couples de touristes qui chartérisent un bateau pour Kanawa. Sarah est anglaise, accompagnée de son mari colombien May. Anna et Iñaki forment un jeune couple espagnol.

 

Kanawa est une île enchanteresse située à une heure d'embarcation de Labuan Bajo. On en fait le tour en une demi-heure. Les bungalows sont sur la plage, face à la mer. Les ablutions se font dans un 'first water' versée dans un bac. L'électricité est fournie entre 18 et 23 heures.

 

            Francisco, encore un gamin, gère les bungalows. L'eau est presque tropicale pour s'y baigner. Je m'endors perdu dans le sac et le ressac de la marée montante. Les autres îlotiers sont les autres passagers du fokker. May m'explique pendant une heure les finesses du calendrier aztèque dont il s'est fait une spécialité sinon un art de vivre.

 

            Les repas en espagnol seront mes seuls liens avec la civilisation, les journées se remplissant simplement par la lecture, la reconnaissance de l'île et la découverte du corail et de ses extraordinaires habitants.

 

            Vous décrire la féerie de ces heures passées entre deux eaux me paraît impossible.

Et les noms de tous ces poissons animaux ou poètes surgissent d'un gros livre que j'avais reçu à ma première communion, ouvrage décrivant avec force images et photos, un des épisodes du Commandant Cousteau. Cardinal, zèbre, lune, clown, tigre, chat, éléphant, léopard.... Et quand la mémoire me fait défaut pour les nommer, l'imagination la relaie sans hésiter.

            Crown sea star puis.... 'Una estrella azur' me lance Iñaki émerveillé. Deux autres espèces d'étoiles de mer dévorent en nombre et sous mes yeux le corail déjà bien abîmé par les bateaux.

 

 

FLORES

 

 

19/11/2002: Florès - Kanawa

 

 

Le petit déjeuner est très matinal. On est servi entre 5h30 et 7 heures du matin. Une crêpe, un thé et c'est tout.

 

-         'It's super bloody bagus(*).'

 

Mon tour de l'île me permet de croiser un 'sea snake' et un éléphant d'Asie sur lequel deux hérons échappés des mangroves, viendront se poser. Le centre est peuplé de chèvres sauvages d'un chat et d'un daim pelé, toute cette ménagerie étant un peu trop affectueuse à mon goût.

 

Calme Kanawa au crépuscule,

Kanawa qui rit au matin.

 

Je dis au revoir au chico Francisco, authentique descendant de marins portugais.

 

 

 


 

 

Kanawa Island Resort

Bungalows and Cafes

Office :

Jl. Yos Sudarso,

Telp. / Fax 0385-41044

Labuan Bajo

Flores - NTT

Indonesia

 

 

 

20/11/2002: Labuan Bajo - Kanawa - Rinca Island

 

            Treking in Rinca - Stay overnight.

 

            La traversée vers Rinca me permet d'essuyer une première vraie tempête. Je trouve refuge contre la pluie et le vent accroupi dans les toilettes, entre quatre planches de bois. Mais la pluie entre de tous les cotés.

 

            Nous dormons à Rinca après une courte visite chez les varans, buffles et sangliers et macaques qui perchent dans les tamarins ou les cyprès. Les Banyas trees sont très différents ici, très clairs mais toujours majestueux et exubérants. Les varans placides ne se préoccupent pas des malheureux touristes que nous sommes.

 

            Le soir, nous sommes défiés par la bande de gamins composant l'équipage pour une partie de bras de fer (Pulsa). Et tout se termine comme à chaque repas par une leçon collective d'anglais, d'espagnol ou de français.

 

            J'ai peut être droit à ma première leçon de grammaire espagnole. Et je réalise seulement maintenant des bribes de conjugaison. Pour un espagnol, je parle comme un indien. Ce soir mon 'Io gusta...' devient 'Ami me gusta...'

Le coucher de soleil incendie le ciel. Nuit sur le pont du bateau, balancé par le clapotis des vague, parfois entrecoupé par les rires des garçons qui ont forcé sur le tuak (*).

 

 

21/11/2002: Rinca Island - Komodo - Red Beach Flying.

 

 

            Marc, le ranger de Rinca tente de nous faire payer une deuxième fois la visite mais nous forçons le barrage.

J'étouffe une deuxième crise ourdie par mes camarades secoués par l'appétit roupi-varanesque du gardien du parc. Ils tentent un instant une échappée en solo, sans Marcus. Mais notre guide nous rappelle qu'il est indispensable. L'année dernière un suisse individualiste est parti seul dans la réserve pour un voyage sans retour. On n'a retrouvé de lui que ses lunettes et son appareil photo accrochés à un arbre.

            Les deux à trois milles dragons répartis sur les deux îles de Rinca et Komodo se nourrissent de sangliers, lézards ou poissons mais attaquent aussi les buffles ou les cerfs. On attribue la quasi-disparition des chevaux sauvages à leur féroce appétit. Rien n'effraie semble-t-il leur estomac.

 

            Nous reprenons le chemin du retour. Après une heure, le bateau est violemment chahuté. Le courant est violent, nécessitant un arrêt sur les eaux. Le capitaine sort de son mutisme et lance un ordre. Une sorte de gavroche moussaillon jette l'ancre.

Le silence redevient total.

On attend la pleine lune qui doit mettre fin aux courants bouillonnants et tourbillonnants. Au loin, des poissons volants sautent sous un ciel superbe, enflammé. Sous nos yeux des poissons de la taille d'une bille brillent comme des lucioles.

Le gamin à l'avant, armé d'une lampe torche scrute les redoutables courants. Je dois parlementer avec le capitaine pour ne pas rater le ferry qui doit nous remonter sur l'île de Lombok dans deux jours. Une lune énorme sort des nuages et monte enfin, calmant la surface de l'eau.

Notre capitaine est mal luné. Il acceptera finalement entre deux taffes de cigarette de nous débarquer pour la nuit à Kanawa, à une heure du ferry. Mais quand la majorité versatile votera la nuit sur la paillasse du bateau pour économiser le bungalow, il tournera rageusement le gouvernail vers Labuan Bajo oubliant Kanawa et sa poignée de touristes mutins.

 

            On dormira au large du village, bercé par le clapotis et les prières de la Z mosquée. Les bateaux de pêche semblent endormis sur la mer.

L'imam me réveillera le lendemain à quatre heures du matin.

 

22/11/2002: Laban Buanjo - Sape

 

            Une journée de transport prévue entre Laban Bajuo et Lombok. (Au programme: ferry - bus - bus - ferry - bus)

            La cargaison sur le premier plancher du ferry est invraisemblable. Des familles entières mangent le riz à même le sol, entre les coulées d'huile des camions. Pendant ce temps, les enfants jouent à se faire peur devant les immenses baies de la cale qui s'ouvrent à leurs pieds, à deux mètres de l'océan, sous le regard amusé de leurs parents.

 

20h-3h. Ferry d'enfer. Ca grouille, ça pue, ça crie, ça tangue... Pour cinq mille roupies supplémentaires, je peux dormir en première classe. Dormir, oui, mais recroquevillé entre deux sièges qui furent peut être en cuir, tellement craquelé et usé qu'on dirait du croco. Je ne compte pas les moutons mais les cafards king size first catégorie qui ont choisi aussi la première classe et sont bien nourris à juger à leur taille de souris.

 

 

 

SUMBAWA

 

 

23/11/2002: Sumbawa - Bima - En direction de Lombok

 

Bima:

Bima est musulmane à 99 pour cent.

           

Halte à Bima entre 6 heures et 20 heures.

SarahMay, AnnaIñaki et moi avons acheté séparément nos billets vers Lombok-Tamaram. Bus Air Conditionné et toilette. AnnaIñaki sont très serrés dans leur planning pour réaliser l'ascension du mont Rinjani avant de prendre leur avion de retour vers l'Espagne.

 

Surprise à Bima. Seuls Sarah et May peuvent partir immédiatement, nous sommes affectés à un bus d'une autre compagnie, programmé pour 19 heures. On nous avait bien dit à chacun que le voyage se faisait une journée entière et sans arrêt.

 

Déception mais forcing espagnol dans le bus de l'autre société. Curieux, j'emboîte le pas, et observe les réactions du placide chauffeur de bus face à deux touristes espagnols en colère et un français en pleine expectative. Mes amis sont prêts à tout.

 

Un faux policier, essaiera timidement de rendre raison aux touristes rebelles. La tension montant, je descends. Le siège doit eetre levé. Nous retrouvons la poussière, les sollicitations des vendeurs en tout genre, et l'aventure de la rue.

 

Ramadan à Bima. Le marché coloré n'est pas sans rappeler les mercados d'Otavalo. Marchands musulmans, écoliers et écolières voilées m'interpellent. Je suis constamment alpagué par des hello mister fort sympathiques qui engagent toujours vers de longues conversations.

Des carrioles bariolées attendent devant les portes du marché.

            C'est derrière la grille entrouverte d'un restaurant (Par respect pour les jeûneurs) que je mange.

Internet donne sa connexion après deux minutes, pour se couper trente secondes plus tard. J'abandonne le cybercafé et me place tout habillé dans la douche d'un hôtel tellement la moiteur fétide de l'air m'est insupportable

 

24/11/2002 : Lombok - Senggigi

            Sonya hôtel. De charmants lézards, des cecaks(*) et des tokeks(*) meublent mes soirées. Le matin, je suis réveillé par des microiseaux chantant dans les arbres.

L'ancienne station balnéaire quant-à-elle, est totalement déserte.

 

LOMBOK

 

" Les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même. On ouvre un atlas, on rêve sur les cartes. On répète les noms magnifiques des villes inconnues... "

                                                                           Joseph Kessel

 

 

25/11/2002 : Lombok - Senggigi

           

            Je quitte le Sonya Hôtel pour un lit à un euro de moins et un kilomètre supplémentaire du centre ville. Presque cinq euros pour une chambre, breakfast inclus. 3 euros suffisent pour louer une moto en parfait état pour la journée. La route est longue vers la cascade Tiu Pupas, prétexte de ma balade.

 

Mes premiers contacts avec le véhicule dans une côte à 45 degrés m'enseignent l'humilité et la finesse dans le mouvement du poignet.

            La moto peinant, je l'accompagne à pied et tourne l'accélérateur. L'engin se cabre à trois reprises. Mes efforts pour le calmer, actionnent à contrario la manette des gaz. Cinq mètres plus haut, le fauve japonais est maîtrisé mais pas dompté.

            Je ne peux que constater qu'un de mes orteils est ensanglanté alors que l'animal, en parfait état, brille sous le soleil.

            Je sillonne la cote escarpée vers le nord de l'île, évitant poulets, singes, vaches, chèvres, gamins et bemos(*).

 

-          hello mister

-          Selamat paggi(*)

 

Les enfants me saluent en riant laissant leur sasak(*) pour les deux seuls mots anglais de leur vocabulaire.

Après deux heures de bitume et de chemin, je croise les deux premiers touristes à quinze cent mètres de la cascade. Sarah et May! Retrouvailles et échanges d'impressions sur nos départs séparés de Labuan Bajo.

 

Je descends vers la cascade qui jaillit d'un rocher pour rejoindre la mer de Bali. 70 kilomètres heure. J'imagine sur le retour tintin à Lombok, la bouche fermée pour ne pas avaler les insectes qui se collent en nombre sur mon tee-shirt.

Mon hôtel bon marché me coûtera tout de même quinze minutes sous une pluie torrentielle (wet season), puis le haut-parleur des imams qui se relaient la nuit pour saluer le ramadan.

 

 

 

26/11/2002 : Lombok - Gili air - Part One : Achat du ticket

 

Attente du bateau-charter pour Gili air.

            Un gamin me colle dès la sortie de mon bus. Jugez de son professionnalisme du haut de ses huit ans.

 

-          Hello boss. Where are you from ?

-          Selamat selam, I am from France

-          Oh, oui monsieur. Comment allez-vous ?

-          Très bien merci et toi ?

-          Trait bouin.

-          Where is your girlfriend ?

-          I am alone

-          Maybe you want to buy one of this neckring for a friend

-          No, thanks.

Il insiste...

-          Where do you go ? Oh by the way you have no ticket... Let me show you where you can buy it...

 

Et je le suis, n'ayant rien d'autre à faire que d'attendre....

Désormais je suis ferré, une armée de marchands me prend en chasse.

Un ticket open Gili air - Kuta Bali, c'est bien moins cher ici que sur l'île, pensez-vous ! 120 000 Rps seulement. Je conclue à 100 000, à moitié satisfait de l'affaire, je n'avance que la moitié du prix. Le premier acte aura duré trente minutes!

            Et on me propose des serpentins anti-moustiques, des pansements pour ma blessure au pied, et toute sorte de camelote que je repousse dans son ensemble.

            Traversée d'une demi-heure. Je constate une fois de la plus que la terre est ronde. Sur la petite embarcation qui me conduit à destination, un indonésien arbore un superbe tee-shirt rouge Polo Deauville !

           

Deauville, 7000 habitants, ville d'eau.

            Gili air, 1400 habitants se traduit en indonésien par îlot d'eau (sic).

 

 

27/11/2002 : Lombok - Gili air

            C'est la désolation à Gili air.

1400 habitants attendent quatre touristes. Les hôtels sont totalement vides ou fermés. Air est un faux ami. Les méfaits de l'attentat à Kuta-Bali sur l'économie indonésienne sont terribles. Il y a cinq ans, les touristes, faute de place, dormaient sur la plage.

 

            Coût de la vie (10 000 Rps = 1 Euro) :

            Internet connecté (Ubud):                 200 Rps / mn.

            Internet déconnecté (Ubud):            100 Rps / mn.

            Internet (Kuta):                                   300 à 500 Rps / mn.

            Mie goreng (Ubud):                           5 500 Rps

            Hôtel:                                                  30 000 à 50 000 Rps

            Grande bouteille d'eau:                    3 000 Rps

 

            Rien d'autre à faire ici que de lire et de contempler les sublimes couchers de soleil.

 

28/11/2002 : Lombok - Gili air - Deuxième acte : Pour 500 cents.

 

Gili air. Je me suis fait arnaquer sur le port d'embarquement. Tous les hôtels me font remarquer que sur l'île le tarif unique est de 85 000 roupies. Ils traitent très justement mon brigand de vendeur, et, devant la déconfiture du tourisme, je me sens soudainement l'âme d'un justicier.

 

J'entends bien au nom de l'équité, de la justice faire rendre gorge à ce voleur impénitent jusqu'à récupérer mes roupies sinon du moins payer le juste prix de mon billet.

J'obtiens à Lombok des excuses, puis un discount de cinq mille roupies sur le recel. Mais j'exige la totalité en bon français obtus. La totalité sinon la police. Tous les arguments défilent. La commission du gamin, la bankrupt de leur compagnie pour cinq cent cents d'euros, ces même billets vendus à d'autres 200 000 roupies!

Je me sens chevalier blanc contre le mal. Finalement, j'ai la chance et le luxe d'avoir le temps, cette liberté de réflexion qui est un des extraordinaires privilèges des baroudeurs en solo, le tout assorti de quelques principes.

 

Les cinq mille roupies se consumeront en quinze minutes côté vendeur alors que je me dirigerai sous un soleil de plomb vers un homme en uniforme. A quelque mètres de l'officier, les scélérats seront encore là. Ils tentent encore pendant un quart d'heure d'empocher la différence. Mais je tiens bon, oubliant même les grosses fourmis rouges qui entreprennent mes jambes. Cause gagnée, je tends les trente cinq mille roupies et monte superbement dans le minibus pour le port d'embarquement vers Bali.

 

La rainy season accompagne le ferry de son cortège de nuage. A 15h30, le haut-parleur hurle la prière de l'imam. Transporté, j'écoute au milieu de ces femmes enturbannées et de ces hommes crachant par-dessus le bastingage la longue mélopée sur le ciel gris, sous une pluie drue. Sur le pont du navire complètement rouillé, une épaisse fumée noire s'échappe des deux cheminées latérales. On m'autorise pour six mille roupies à pénétrer dans une salle dérobée contenant un lot de locaux chantant à tue-tête un karaoké sous-titré japonais.

Emporté par le courant de la foule compacte sortant du ferry, je rejoins le bemo(*) pour Kuta, les chevilles dans l'eau, deux bras aimables essayant de me couvrir à l'aide de parapluies.

Les trois heures assis à coté de mon chauffeur me replongent dans Bali et ses traditions. A mi-chemin, un détour de conversation nous conduit sur les illustres origines de mon conducteur. Il est agung, c'est à dire issu de la caste des rois. Ses parents habitaient un palace qu'ils ont dû abandonner avec ses serviteurs. 1942, les privilèges des radjahs s'envolent au nom de l'indépendance. Lui-même, ses parents et les connaissances de sa condition sont satisfaits du changement qui les a dépossédés de leur fortune et de leurs privilèges.

 

Ma femme travaille au marché mais je suis libre de mes décisions.

Si je veux aller à Denpasar, je n'ai pas à demander l'autorisation de mes parents !

 

            Dieu tout puissant, que faisions-nous dans notre pays en 1789 !

 

BALI

 

 

29/11/2002 : Bali - Kuta

Dose de Lariam.

Arrivé à Kuta, je récupère mon grand sac et cherche un nouveau logement près de Legian, dans le prolongement de Kuta.

 

LOSMEN ARTHAWAN

LEGIAN STREET POPPIES LANEII

Phone : 62-0361-752913

KUTA BALI INDIONESIA

 

ROOM WITH FAN, BATHROOM SHOWER, BREAKFAST INCLUDED

 

Pour 30 000 Rps, soit un peu moins de 3 euros la nuit, petit déjeuner et cafards inclus.

 

Il pleut pleut et clip clap clapotis et thac tchic tchoc, ça tombe de partout! La saison des pluies envahit les après-midi.

            Seigneur, que le monde est petit. Nous sommes ici une poignée de touristes à visiter l'Indonésie envers et contre toutes les recommandations internationales. Et nous nous croisons sans cesse. Le japonais voisin du Sonya hôtel de Sengiggi redevient mon voisin à Kuta. Cet allemand avec qui j'ai conversé sur l'immense plage de Kuta, je le rencontre sur ma moto à Lombok, puis à nouveau sur le ferry qui me ramène sur Bali. Le lendemain, il est assis devant le restaurant où je dîne.

 

30/11/2002 : Bali - Kuningan à Serangan

Et bon anniversaire Alice!

            L'ancien temple de Sakenan sur la petite île de Serangan est célèbre pour ses trois jours de célébration de la fête de Kuningan.

C'est reparti à moto. 35 000 roupies pour une Honda noire à cinq vitesses et un casque. En route vers la fête de Kuningan. Les dieux viennent aujourd'hui jusqu'au temple et repartent demain à 16 heures pour Denpasar. L'événement bisannuel (Tous les 210 jours) draine des milliers de personnes en moto, en scooter ou en 4WD. Devant l'endroit sacré se presse une foule habillée en costumes traditionnels. Les femmes, toujours élégantes avancent dignement et les hommes suivent, drapés dans leur sarong aux reflets dorés. Ils vont s'asseoir et prier, mains jointes vers le ciel. Et je réfléchis

Tous ces beaux gestes que nous ne faisons plus. S'accroupir ou s'asseoir en tailleur, bénir un repas.

 

            Etant le seul touriste, j'ai droit à toutes les attentions. On me rajuste, on me fixe mon sarong, un balinais me fait essayer son destar(*). Et je me retrouve assis en tailleur, au milieu d'une famille à goûter toute sorte de fruits exotiques.

            Mon déjeuner est un régal... Algues, tendres comme des asperges naines, mélangées à de la noix de coco, relevées d'un serpent de mer séché. Pour accompagner ce tableau, une balinaise m'évente à l'aide d'un morceau de carton découpé.

            Les sourires sont profonds comme nulle part ailleurs. Si, peut être en Equateur. Je me rappellerai toujours de l'Equateur.

 

1/12/2002 : Bali - Kuta

 

Je me fais expliquer une dernière fois la règle qui permet de nommer les enfants à Bali en fonction du rang de la filiation, et pour la caste la plus basse.

 

Rang

1,5,9,...

2,6,...

3,7,...

4,8,12,...

Possibilités

 

D'appelation

Wayan

Made

Nioman

Ketut

Putu

Kadek

Komang ♂

 

Iluh ♀

Nengah

Koming ♀

 

Gede ♂

 

 

 

 

            Pour l'aîné, vous avez le choix entre Wayan et Putu. Si c'est un garçon, vous pouvez l'appeler aussi Gede. Et si c'est une fille, vous pouvez l'appeler Gede.

 

            Pour le second vous pouvez opter entre Made, Kadek et Nengah.

 

Continuez à choisir dans le tableau jusqu'au quatrième qui s'appellera forcément Katut.

 

Pour le cinquième, Wayan, ..., vous prendrez le modulo quatre du rang et continuerez avec les prénoms non utilisés pour le numéro un. Une règle qui paraît compliquée, mais qui est simple finalement si on la compare à nos livres des prénoms.

           

Astuce: Ils ont un deuxième prénom qui leur permet de ne pas tous se lever quand dans une classe on appelle Katut au tableau.

 

            Ce matin, je fais un tri dans les médicaments férocement attaqués par une colonie de fourmis microscopiques.

            J'écrase les élytres d'un malheureux cafard qui me regardait recoller mes tongues. Les fourmis sont dessus dans la minute. Cinq heures vingt trois du matin. Le coq chante le jour, réveille le boy, sort son balai, caresse le carrelage de la terrasse, réveille Alexis.

 

            Même les locaux viennent admirer tous les soirs le soleil couchant extraordinaire sur la plage de Kuta.

 

2/12/2002: Bali - Près de Denpasar - Temple d'un village - Fin du Kuningan

 

            Je me laisse emmener par des amis rencontrés au temple de Serangan vers le petit village où le dieu fait une dernière halte avant de reprendre son chemin céleste.

            Le temple étant fraîchement construit et ne connaissant pas encore les touristes, on me demande un peu gêné de rester derrière la petite enceinte en pierres noires. Seize hommes assis en tailleurs sur une courte estrade frappent des gamelans(*), alternant et superposant les rythmes saccadés, parfois endiablés... La puissance du son est hallucinante

 

            L'orchestre est très complice et très collectif, les musiciens en arc de cercle se regardent en jouant de leurs instruments.

 

            La chaleur est moite. Je me retourne. Une nuée de libellules tourbillonne à contre temps autour d'une lanterne. Un garçon saute comme un cabri pour les escagasser. Les tuniques traditionnelles des balinais brillent sous la clarté du soleil couchant.

 

            Je me tourne encore. Le ciel s'assombrit derrière le temple, devient turquoise, et se laisse zébrer silencieusement par des éclairs.

 

            Dernière nuit à Kuta que je quitte pour Lovina beach au nord de Bali.

 

 

3/12/2002: Bali - Lovina Beach

 

Ma blessure au pied refuse de cicatriser, m'interdisant toute forme de trek. Je décide contre la chaleur et l'humidité d'aller à l'Apotik(*) et de me mettre sous antibiotique.

 

Mazette, je voyage seul, est-ce là la raison? Car ça recommence, encore et encore, et sans relâche.

 

-           Marijuanah, mushroom, ...

-           Spirits, do you want to drink tonight?

-           O'right, do you like balinese girl?

-           Oui, bien sur

-           Very cheap...

-           No sorry, I don't like balinese girl

 

Une fois deux fois trois fois, puis dix fois, et je plonge dans la mer.

 

 

 

 

5/12/2002: Bali - Lovina Beach - Famille Agung

 

            Aux aurores, une femme balinaise écrivain s'assied à ma table de petit déjeuner. On échange anglais contre indonésien, impressions de voyage et réflexions sur le temps qui passe. Elle m'abandonne pour reprendre l'écriture de son livre. Juste derrière le losmen, la campagne est merveilleuse entre rizières et palmiers.

 

            Je croise un peu plus tard sur la plage ses nièces, complètement désœuvrées. Apparentées à feu le Rajah de Singaraja, elles ne sortent presque jamais de leur maison.

 

            Echappée en bemo(*) vers l'ancienne capitale, Singaraja, pour acheter un ticket de bus plus un coupon de ferry pour Malam, Java. On m'annonce une nuit complète de transport. Je quitte demain Bali à 17 heures. Je vais regretter l'île des Dieux, mais je dois visiter Java, Sumatra et rencontrer l'Asie.

 

 

6/12/2002: Bali - Lovina Beach

 

            Comprimé de Lariam.

Fin du Ramadan. Allah est chanté. La prière du matin devient allégresse. All... llahhhAll.... Lah huakbar...All...laahaahaaaa...huakabar. Laillah paillah wawahukbar....Allaluabar wallilah. Ilhaammm, ilhaa....aammmm...

 

            Comme sur toutes les plages du monde une bande de gamin joue à qui fera le plus grand nombre de ricochets sur l'eau. Et les chiens répertorient longuement leurs trous de balles.

            Il n'est que six heures. Les bateaux et leurs flotteurs de bambou sont posés devant le sable noir de Lovina, comme de gracieuses libellules.

            Soirée dans un Warung(*) qui propose le film sous titré indonésien « meet the parent » avec Robert de Niro.

 

Pêcher ici est facile, on lance un filet sur le soleil couchant, et on rabat les poissons vers l'intérieur.

 

06/12/2002: Bali è Java

 

            Tout s'est passé comme prévu. J'ai patienté une heure le bus de la compagnie Simpatik au bord de la route, entre des avocats écrasés et j'ai du repousser trois chiens pelés qui cherchaient à lécher mon pansement..

            Mon sac se cale à peine entre les deux rangées. Le chauffeur s'arrête devant un temple hindou. A travers la vitre, je l'observe prier à genou avec un passager. Il asperge le bus d'eau bénite et on repart entre les motos et les bémos(*). Arrêt déjeuner pour attendre un autre car air-conditionné en provenance de Denpasar. J'ai du mal à entrer en contact avec les clients du café où je commande un nasi goreng(*) pour seulement un tiers d'euro. Je suis sorti de la zone touristique. Il est 21 heures, le chauffeur force la musique..

 

            Courte traversée sur le Ferry. Seul occidental, je suscite des regards en coin, des sourires timides ou des rires sous cape. Je suis comme un zèbre dans une basse-cour. Un passage rapide en first class me fait constater encore que le karaoké fait partie des coutumes de ces embarcations. Dans une salle à l'écart de l'équipage, notre capitaine seul, prosterné sur un tapis, fait sa prière avant de reprendre le commandement du navire.

 

            Le bus reprend sa course vers Malang. A quatre heures du matin, il tombe en panne. Il manquait certainement une offrande ou une prière. A destination, une femme et son enfant me prennent en charge pour me conduire vers un hôtel. Le minibus est bondé. Durant les dix jours précédant et suivant le ramadan, l'islam est en vacances, faisant déborder microlets(*) et taxis. Je coule mon sac à dos sous les jambes d'une javanaise enceinte, assois une fesse sur mon petit sac et empile mes chaussures sur mes genoux jusqu'au toit. Mon chapeau, je le retrouverai en sortant de cette boite à sardine.

 

Hôtel Camélia. Quel joli nom pour un endroit aussi vilain, miteux et tellement sale. Le réservoir des toilettes sert de poubelle, ni douche ni ventilo, ni service ni sourire. Je m'écroule, il est cinq heure du mat...

 

 

JAVA

 

 

L'grand Julot et Nana
Sur un air de java
S'connur'nt au bal musett'
Sur un air de javette
ell' lui dit:"J'ai l'béguin"
Sur un air de javin
Il répondit "tant mieux"
Sur un air déjà vieux
Ah! Ah! Ah! aH!
Ecoutez ça si c'est chouette!
Ah! Ah! Ah! Ah!
C'est la plus bath des javas.

 

Paroles de Georgius
Musique de Trémolo

 

Java, 120 millions d'habitants, 850 habitants au kilomètre carré !

 

 

07/12/2002: Java - Malang

 

De bon matin, je visite le marché de Malang qui longe le cimetière municipal. Des vendeuses de fleurs se serrent le long d'un muret, appelant les musulmans à couvrir les tombes après le ramadan. Leur sourire et le javanais tenteront de me convaincre de sortir mes roupies.

Hendro, un homme d'une quarantaine d'année me propose de visiter sa maison et m'invite rapidement à déjeuner avec sa famille. C'est simple comme le bonheur. Nous satisfaisons mutuellement notre curiosité qui est de parler anglais ou de comprendre le style de vie javanais. Ils me proposent de visiter la ville de Batu, à un quart d'heure de chez lui. On s'arrête dans le magasin de sa sœur. La boutique est non seulement un magasin, mais est aussi un salon de soins, de massage et de relaxation. L'endroit est une sorte d'éden ou de doux paradis. J'ai droit à des soins gratuits... si vous venez de ma part J.

 

Padma Suci

SALON, SPA, & BOUTIQUE

Suci Tahayu W.

Pimpinan

Jl. R. Tumenggung Suryo 41-A Malang

Telp. 0341-484 705

 

Quelques prix choisis au hasard du catalogue:

 

Body massage         50 000 Rps

Breast Mask            30 000 Rps

Manicure                 20 000 Rps

Make Up                 75 000 Rps

 

 

Batu est une sorte de station balnéaire pour Java Est. 900 mètres au-dessus de la mer et 19 km à l'ouest de Malang. J'arpente un nouveau marché où on vend des duryans, des jackfruits et des pommes javanaises suspendues dans des filets.

Au retour, ils m'offrent un lit et insistent pour que je quitte l'hôtel que je viens à peine de payer pour la nuit. Il me semble difficile d'être plus adorable et hospitalier. Je suis stupéfait devant la télé. Arthur a décroché un contrat avec la télévision indonésienne et anime l'émission 'Qui veut gagner des milliards de roupies'. Sélection d'une question facile pour vous !

 

 

http://www.leximot.net/expression.php3?id_expr=565

Ou des roubignolles d'étourneau !

Une affaire importante, en argot du siècle dernier, "c'était pas de la roupie de singe !"
Dans le même esprit que le plus récent "c'est pas de la crotte de bique !".

"Roupie" est un vieux mot pour "morve" ou "chandelle", autrement dit ce qui pend au nez des enrhumés. Le mot n'étant plus compris, il sera assimilé à la "roupette".
Par métaphore sur la minuscule taille prêtée aux testicules de ces petits étourneaux, "de la roupie de sansonnet" prendra le sens de chose insignifiante.

 

 

8/12/2002: Java - Surabayan

 

Surabayan:  7 000 000 âmes

 

            Je pars chez Hendro, mon nouvel ami, à Surabayan qui est une énorme bourgade, le deuxième port et ville de Java, après la mégapole que constitue Jakarta.

            Et nous embrayons sitôt arrivé vers le village de sa copine. C'est un kampus(*) traditionnel. Toutes les maisons sont en bois ou en bambou tressé. Les fêtes du ramadan ont réunit ici toutes les familles qui parlent seulement le javanais. Mais j'arrive à me faire expliquer que le jenang dodol que l'on me tend est un gâteau à base de riz noir, d'huile de coco de sésame et de sucre.

 

 

9/12/2002: Java - Surabayan

 

            Mes proches s'inquiètent de la façon dont je vais traverser Noël et le réveillon. En pensée mes amis, en pensées. L'Asie ne connaît ni nos fêtes ni notre calendrier.

            La solitude est occultée par l'exceptionnel de mon quotidien. Tenez, hier, j'étais assis sous une tente avec Hendro à manger des brochettes de biquette. Une pluie diluvienne s'abattait cette nuit là sur l'est de Java. Abrité sous une tente et les sandales accrochées au pied d'un tabouret pour éviter le torrent qui lavait le bord de la route, j'avais comme compagnon un singe qui se balançait à l'armature en bambou du chapiteau. Un instant, j'ai regretté l'ice tea que la grand-mère allait chercher à la louche au fond d'une cuvette les bords noircis par la crasse. L'eau des glaçons, pareils à des icebergs, ne peut pas provenir d'eau bouillie. Pas ici! Je m'en remets à mon estomac endurci pour faire la peau à ces probables bactéries.

 

 

10/12/2002: Java - Ngadisari

 

            Hendro me présente son fils adoptif, Pram, 21 ans qui souhaite m'accompagner dans mon expédition au volcan sacré du Bromo. Il a voulu me suivre, il va suer sang et eau. Petites natures souvent que ces indonésiens. Ne riez pas mais j'ai entendu tout au long du parcours, Oh mister Alexis, you are very strong !

 

            Pram sera le boss pour les transports, je serai celui du jalan jalan(*) vers le Bromo. Une succession de microlet(*), bus et bémo(*) nous conduit vers Ngadisari, à trois heures à peine du Bromo.

 

 

 

 

11/12/2002: Java - Mont Bromo

 

Nuit bruyante au Yoshi's hotel. Réveil à une heure trente pour un départ à deux heures dans une nuit noire afin d'assister au sunrise sur le bromo. On essaye de me fourguer un manteau, allant même jusqu'à prétendre que l'on atteint le zéro degré en haut du Mont Penanjakan que je choisis pour contempler le lever du soleil. La jacket sera pour Pram, j'emporte l'eau et les gâteaux secs.

            Durant tout le trajet, on nous proposera jeep, chevaux, eau ou couverture que je refuserai mécaniquement sans analyser ni le prix ni la qualité.

            Cinq heure et quart. Je dois laisser provisoirement mon ami en chemin pour arriver à l'heure au viewpoint qui récompensera le réveil matinal et les efforts prodigués. Au loin, derrière le flanc renversé appelé Mont Batok, le volcan Semeru crache une fumée blanche avec la régularité d'une cocotte minute. Rejoint par une bande d'indonésien adepte de l'absolut vodka à une heure aussi matinale (?), puis par Pram, on redescend voir fumer le Mont Bromo, le volcan vénéré des javanais.

            Tous les touristes venus en jeep ou en 4WD sont indonésiens.

            Pram souffle, se tient les jambes, mais avance en serrant les dents. Je lui assois mon chapeau sur la tête et le déleste de son sac à dos.

            Midi. Un nasi goreng(*) au Yoshi's. Retour à Surabayan en sept heures de trajet haché.

 

 

12/12/2002: Surabaya - Jogjakarta - Train Ekonomi

 

            Train classe Ekonomi. Départ à 10 heures. Arrivée à 17 heures. 17 000 roupies seulement.

 

            J'aime le train Ekonomi, c'est comme un cinéma. Le voyage fut savoureux.

 

            Une véritable société travaille et se bouscule dans le couloir du train, fabriquant un nouvel inventaire à la Prévert

 

            Œufs de caille, nasi goreng(*), tournevis, cutter, tahu(*) accompagné de son piment vert, riz cuit dans des feuilles de banane, aiguilles à coudre, épingles à nourrice, café, coca cola, bouteilles de fanta, hamburger chinois, pastèque, porte-monnaie, poisson séché, ...

 

-          Air minum, minum(*), ...

 

            Cette femme arpente le train pendant les huit heures du trajet. A quelques mètres, une petite vieille marche derrière elle, un enfant accroché à un sein en forme de mangue séchée, un bras rachitique prolongé par une main, paume ouverte. Son sourire supplie l'attention. Un orchestre joyeux de guitaristes la suit immédiatement.

 

          Fruits exotiques découpés et placés dans des sacs en plastique, aram aram(*), ceinture en cuir, aiguilles à coudre, épingles à nourrice, mots croisés, lait chocolaté...

 

            Le contrôleur me salue respectueusement en me demandant mon billet. Il appuie son thank you pour bien signaler son anglais, bloquant le cortège des vendeurs ambulant.

 

            Aqua(*), thé glacé, mi goreng(*), éventail, journal Jawa Post, tempe(*), onde onde(*), partition 'pop indonesia', soupe, ...

 

            Plié en deux, un jeune remplit un journal de la moitié des immondices qui couvrent le sol. Couvert de sueur, il se relève et attend ses roupies. On traverse un terrain de football. Un petit de trois ans fixe le train, tout raide, et agite mécaniquement son poignet. Des chèvres sont grimpées sur une montagne d'ordures.

 

Et la ronde des marchands continue...

 

            Cacahuètes, brem(*), mangues, bonbons, mendiants, flutes, musiciens, sate ayam(*), montre, serviettes en papier, ceintures de cuir, portefeuilles...

 

            Face à moi, dort une jeune musulmane voilée de noir, yeux ouverts et bouche béante. A ma gauche, un couple se repose pieds nus, abandonnant épaule contre tête. Les autres passagers ne bougent pas, écrasés par la fatigue et la chaleur. Seuls quelques éventails s'agitent, les regards de leurs propriétaires flottent perdus sur le paysage défilant des rizières. Des papillons verts volent en essaims par-dessus les terres fraîchement labourées. Hommes et femmes travaillent collectivement à repiquer le riz, leurs chapeaux chinois offrant des taches pastels à la terre couleur de sienne. Mais l'attention est sans cesse ramenée vers le couloir du wagon. Des objets sont déposés en silence sur nos genoux, puis repris dans les cinq minutes.

 

            Cigarettes, montres, briquets, peignes, réveil, calculatrice, salak(*), sifflet(Seigneur, deux gamins de mon compartiment en ont acheté chacun un), apeaux de toute sorte, chapeaux, boules de sésame, pastèques, berlingots de lait...

 

-          Sate, sate, sate ayam(*)

 

            On croise le train de classe Executive qui paraît seulement un peu moins délabré. Le contrôleur repasse, et m'adresse un lent signe de tête comme on saluerait un sénateur. Bien que les ouvertures en haut des vitres soient baissées, il continue de faire chaud et on n'arrive pas à se rafraîchir. Chaque arrêt en gare laisse entrer un air suffocant par l'étroite ouverture des fenêtres, la fumée retombe et la sueur colle nos tee-shirts. Une forte odeur de durian(*) envahit la voiture.

 

            Et les toilettes, seul recoin turc du wagon, sont indescriptibles... C'est l'aventure au bout du couloir pour ceux qui ont abusé des aliments locaux. Le trou se trouve à deux mètres d'une porte qui ne ferme pas.

 

            Il pleut de mon côté de train seulement. Je suis le seul touriste de la classe Ekonomi.

 

13/12/2002: Java - Jogyakarta

Vendredi 13. Dose de lariam

 

Jogjakarta : 3 millions d'habitants,

Nombreux étudiants,

artistes et intellectuels.

Appelée usuellement Jogya

 

 

 

14/12/2002 : java - Borobudur Prambanan

 

 

            Impossible de ne pas être réveillé à quatre heures du matin, le mégaphone de la mosquée est face à la fenêtre de ma chambre. Je suis secoué, les vitres tremblent, les mains sur mes oreilles traversées, le lit semble vibrer...

Borobodur :

Levé aux aurores, je rejoins un petit groupe de touristes locaux pour la visite du candi Borobodur à quelques dizaines de kilomètres au nord-ouest de Yogyarta.

Borobudur est le plus grand monument bouddhique du monde.

A l'origine, Borobudur s'appelait "Bhumisan Barabadura". Littéralement, celà signifie "l'Ineffable Montagne des Vertus Accumulées". Puis le mot a été simplifié en Borobudur : la "Colline du monastère". On monte terrasse par terrasse pour arriver au dernier stupa.

 

 

Prambanan

Et puis nous poursuivons la route vers Prambanan, temples dédiés au aux divinités de l'hindouisme.

Situé à 17 km à l'est de Yogyakarta, le complexe hindouiste de la plaine de Prambanan fut édifié entre le 9ème siècle et le début du 11ème siècle. Les avis divergent pour déterminer la date de construction de ce complexe religieux. Il en va de même lorsqu'il s'agit de donner un nom aux bâtisseurs de cet ensemble constitué par le Candi Lara Jonggrang entouré de 8 sanctuaires et de 224 petits candis (temples). Toujours est-il qu'il semble dater d'une époque à laquelle le shivaïsme a remplacé le bouddhisme à Java en tant que religion d'état. L'architecture est brahmanique de l'époque Java central et annonce l'art du Java oriental.

 

Peu après son achèvement, le complexe fut abandonné et finit par s'écrouler. Les travaux de restauration débutèrent en 1918, ceux du candi principal s'achevant en 1953. Actuellement, le site est encore en chantier. Il est classé au patrimoine mondial par l'U.N.E.S.C.O. La réfection définitive est loin d'être terminée.

 

 

 

http://www.borobudur-silver.com

 

 

15/12/2002: Java - Jogjakarta - Le marché aux oiseaux

 

            Visite du marché aux oiseaux, que je découvre comme une sorte d'arche de Noé pour animaux de petites taille.

 

Je m'enfonce, conduit par un guide improvisé, dans les profondeurs de ce marché très animé.

Les oiseaux rares sont cachés au fond des tentes car ils valent des fortunes. Les mangoustes sont, comme toujours terrées dans leurs cages. Le raton laveur les observe dans une boîte grillagée suspendue à la structure de la tente. D'immenses chauve-souris down-under, patibulaires, se régalent de mangues. Un écureuil est attaché au-dessus d'un essaim d'abeilles. Juste au coin de la dernière allée, un malheureux varan se morfond entre quatre murs de béton. Une chouette éveillée tourne ses yeux interrogateurs vers moi. Toute sorte de lapins, d'oies, de dindes, de poulets guerriers, de poulets chanteurs sont alignés dans une apparente liberté. Les muscles et les os des pigeons de compétition sont palpés, évalués, avant d'être négociés. On fixe un sifflet sur le dos de l'un d'eux, ce qui permet de le suivre dans le ciel. Un mainate me lance un cocorico bien français. Nous longeons un élevage d'asticots puis celui d'une flopée de criquets. Il faut bien alimenter toute cette basse-cour.

Un chien dalmatien doit se demander tout comme moi ce qu'il fait là. Des pythons sont lamentablement enroulés dans des Vivariums à Loyers Modérés. Un porc-épic est entouré de cages à rats et de paniers à souris. Les cochons d'inde sont aussi mal lotis que dans nos pays. Trois chats tournent sournoisement autour des rongeurs.

Et ça grouille de monde dans les étroits couloirs du marché. Permisi(*), oui, je te laisse passer, selamat paggi... Des colibris, des oiseaux à lunettes et des oiseaux rares sont perchés en haut de mâts gigantesques, loin de l'agitation du marché. Un iguane cherche la sortie de sa cage, je cherche celle du marché.

On traverse des étals de fruits et légumes, de viandes à mouches, de mouches à viande, de barbaque en pleine mutation, ...

La chaleur exalte une odeur de poisson. Une tortue de mer flotte au-dessus d'une murène. On m'explique que ces poissons sont tellement rares qu'ils valent plusieurs millions de roupies... Et ceux là, minuscules taches de couleurs dans de petites bouteilles servent à des combats. Oui m'explique mon guide, regarde... Il tourne les deux bocaux et effectivement les poissons se font face stupidement, se lançant certainement des invectives.

 

 

 

16/12/2002: Java - Jogjakarta - Fabrique de batiks

            Un guide local me fait visiter les coulisses des fabriques de batik. J'ai la chance de partager les dessous de cette industrie avec un correspondant du Lonely Planet. Sans dénaturer le travail qui pour les touristes est une escalade d'intermédiaires qui doublent les prix chaque fois qu'ils touchent le tissu. Les premières étapes sont belles. Un vieil artisan applique les motifs au tampon, dans un atelier qui aurait pu inspirer Rembrandt par ses couleurs. Il travaille loin des soi-disant artistes qui n'ont aucune autre vocation que de prétendre pour vendre. Ils ont les outils, la cire, la marchandise et des rudiments de techniques qui les font passer pour des artistes voire pour des créateurs. Mais dans ce monde de la copie et de la tromperie, les œuvres les plus simples sont souvent superbes.

 

18/12/2002 :  Java - Vers Jakarta - Bogor

 

            Train biznes cette fois. Pompeuse appellation.

           

Aux arrêts en gare, c'est la ruée des vendeurs. Ca dure dix minutes, la voiture se transforme en ruche frémissante. C'est à nouveau la fête ! Le bazar circule. Un mendiant atteint de je ne sais quelle infirmité rampe par terre. Je ne vois que sa tête et une de ses mains. Un marchand vend même les serviettes rafraîchissantes d'une compagnie aérienne.

 

 

 

19/12/2002 : Java - Bogor

 

            Rapide Jakarta - Bogor. Une voix hachée dans un haut-parleur. Impossible de deviner s'il s'agit d'un chat, d'un enfant ou d'un malade. Le son s'arrête ou disparaît dans le brouhaha de la foule. Puis reprend, haché, coupé, suspendu encore, sans aucune unité.

            Une enfant d'à peine trois ans contourne les hommes assis en tailleurs sur des journaux entre les sièges. Reliée par un fil à une fille qui n'a même pas l'âge de raison, elle tient un microphone en guise de sucette. L'ampli que sa grande sœur tient en bandoulière, ventre en avant, est trop lourd pour elle. L'ensemble doit faire dix ans et soixante kilos. Pas un regard, pas une roupie des voyageurs, juste un regard désapprobateur.

 

 

19/12/2002 : Java - Bogor

 

            Bogor est une station qui permet aux jakartiens d'échapper à l'enfer chaud et surpeuplé de la capitale. Au centre de la ville, le botanic garden abrite une magnifique serre aux orchidées.

            De grand matin, je visite le marché, dans une foule qui m'interpelle, chacun me demandant à se faire tirer le portrait. Mister, misteerrrr... Photo misterrr... Des marchands de grenouilles ont attaché leurs victimes par les pattes, en paquet de vingt. La cliente passe, s'arrête, fait une moue d'insatisfaction à son amie mais reste à proximité des batraciens. Ca ne bouge pas beaucoup semble-t-elle dire. Alors l'homme retourne un par un les paquets verts, montrant les molles pattes blanches, comme de vulgaires bottes de radis. Elle porte son index vers celui-là. Un garçon place les sacrifiées sur un billot et fait voler les têtes une par une. Son voisin prend le relais pour les écorcher. Par tous les saints, je trouve ça fascinant.

            De retour à mon hôtel, je fais connaissance de William qui a épousé une sumatrienne et que je suivrai jusqu'à son village à Bukittingi.

 

 

 

 

 

Je réponds ordinairement à ceux qui me demandent la raison de mes voyages:

Que je sais bien ce que je fais, mais non pas ce que je cherche.

Montaigne

 

 

SUMATRA

 

 

 

 

 

 

23/12/2002 : Sumatra - Maninjau - Bukittinggi

 

            Quarante quatre virages descendent vers un cratère qui abrite un lac magnifique. Les habitants font partie des minangs et vivent dans de gracieuses maisons aux toits en forme de pagode.

            C'est certainement ici que j'ai trouvé la nature la plus belle et la plus sauvage. Le lac est chauffé naturellement par des hotsprings, les habitants peuvent se laver et se baigner toute l'année devant chez eux, et une de leurs activités est la pêche et l'élevage de poissons d'agrément.

 

 

 

 

26/12/2002 : Sumatra - Lac Maninjau - Tour de l'île.

 

            Avant de partir vers Medan, porte vers la Malaisie, je sacrifie à l'excursion tour-de-l'île-en-vélo. Le trajet se fait en quatre, cinq heures. J'enfourche le V.T.T. à neuf heures quinze. Je le rendrai seulement à dix sept.

            Matinée ensoleillée, le départ est un régal. La nature semble avoir reçu une bénédiction. Le lac est bordé de rizières derrière lesquelles se dessinent les troncs élancés des palmiers et au dessus, une forêt sauvage habille les flancs du cratère. Les arbres fument par endroit de la brume incomplètement dissipée. A chaque recoin important du lac, une mosquée entourée d'eau rappelle le vieux conte des mille et une nuits. Les nuages grisent progressivement le ciel et rejoignent les bords du cratère. La campagne se couvre alors lentement d'une pluie légère. Tout était si harmonieux avant que le ciel ne prenne doucement cette couleur violette. La surface de l'eau est bientôt secouée de frémissements et commence pour moi l'enfer de la route, un véritable Paris-Roubaix. La chaîne de mon vélo sauté et s'enraye plusieurs fois, j'enferme mes affaires dans un sac plastique. C'est un déluge qui s'abat sur les cailloux. Le chemin devient un torrent sur lesquelles les voitures hésitent. Je traverse des piscines. L'eau est même montée jusqu'à mon genou. Les gamins rient en me voyant seul braver les intempéries. Mais ils continuent à m'apostropher !

 

-          Hello mystère, Selamat pagi(*). Where are you going ?

 

            Je rentre, pardine ! Et comme si ça ne se voyait pas !

 

-          Hello mystère! Selamat sore(*).

 

            Je m'abrite dans une école. La maîtresse m'offre un plat à base de riz. Me voyant rouge et transpirant, elle m'apporte une assiette d'eau pour que je puisse laver le poisson et le tapioca de ses piments. Au fond de la salle des professeurs, une jeune femme se recouvre d'habits blancs et s'agenouille sur un tapis pour prier. Les enfants m'entourent et me regardent par en dessous partagés entre leur curiosité et leur timidité.

 

 

-          Hell eau mystère. Selamat malam(*).

-          Et l'eau mystère.

-          Que d'eau oui que d'eau !

 

            Je ne retiens plus mon rire.

 

 

            Si vous passez, faites donc un crochet chez William ! Vous pourrez utiliser ses PC, un des meilleurs matériels de Sumatra, pour jouer ou pour checker vos emails. A vous de trouver son adresse a Bukittingi. Comme il dit, ceux qui arrivent à trouver le chemin de sa maison cachée par des rizières au bord du lac, c'est qu'ils ont mérité de venir !

 

27/12/2002 : Sumatra - 44 virages - Route vers le lac Toba

 

            Lariam du vendredi.

            44 virages tournent comme un ressort de lit vers Maninjau. Ils sont tellement populaires à Sumatra qu'ils ont été le sujet d'une chanson et sont désormais comptés sur d'immenses pancartes à chaque virage. Le boy me place sur le marche-pied, ce qui m'évite de cogner ma tête aux secousses. Au virage treize, on arrête le bus pour placer mon sac à l'abri de la pluie à l'intérieur du bus. Je ne contrôle plus rien. Chapeau et petit sac à dos derrière moi. Grand sac dans le couloir, écrasé à chaque descente du car. Je n'ai pour horizon que les peci(*) des musulmans et les volutes de fumée qui s'échappent de leurs Kretek(*)..

 

28/12/2002 : Sumatra - Lac Toba - Ile de Samosir - Tuk-Tuk

 

            Superbe mais pas d'internet ici depuis bientôt trois mois.

            Je resterai ici jusqu'au 31 décembre.

 

31/12/2002 : Sumatra - Brastagi - Réveillon

 

            Réveillon ringard dans un grand hôtel. Karaoké et jeux à la club-med. Trois cents personnes et je suis le seul étranger. Les douze coups de minuit ne sont pas frappés mais accompagnés par la musique de 'Ce n'est qu'un au revoir !!!' . Et tout le monde se lève en couinant dans des cornets en papier. Surréaliste.

 

1/1/2003 : Sumatra - Brastagi - Bonne année 2003 !

 

selamat Tahun Baru! (Bahasia Indonesia)

bonne année 2003! (Français)

happy New Year! (English)

feliz año nuevo (Espagnol)

feliz ano novo (Portugais)

С Новым Годом ! (S novim godom) (Russe)

aam said (Arabe)

bonu annu (Corse)

buon anno (Italien)

kia hari te tau hou (Maori)
szczęśliwego nowego roku (Polonais)

šťastný nový rok (Tchèque)

bloavez mad (Breton)

bonne année (Belge)

 

J'espère n'avoir oublié personne!

Tous mes vœux à vous et à vos proches.

 

Alexis ( Brastagi - Sumatra - Indonesia )

www.alexistour.com

http://membres.lycos.fr/solovieff/Site/Livredor.htm

 

 

            Le temps me manque pour écrire sur ce site. Je complèterai en rentrant. En attendant, je remplis des carnets entiers de notes, je grave des CD ROM contenant des milliers de photos et je dessine.

 

 

2/1/2003 : Sumatra - Medan

 

            Le cinq janvier, mon visa de deux mois pour l'Indonésie expire... Je suis en route pour sortir de l'archipel. Medan est le port d'accès vers la Malaisie.

 

 

3/1/2003 : Sumatra - Medan

 

            Lariam du vendredi.

 

Lexique

 

 

Angkot :                                Bémo(*) à Bogor Angkutan(transport) + Kota(city)

Apa kabar? :                        Comment allez-vous ?

Apotik:                                  Pharmacie

Aram aram :                         Riz cuit dans des feuilles de banane

Ayam :                                   Poulet

Bagus :                                 Beau

Baik baik :                            Très bien

Bemo:                                   Minibus taxi souvent japonais, pouvant être chartérisé

Brem :                                   Sorte de pommes de terre fermentées.

Bunga:                                  Fleur

Cecak :                                  Petit lézard

Dari mana ? :                       Where are you from ? (Indonésien)

Destar :                                 Couvre-chef de cérémonie

Durian :                                 Savoureux fruit à l'odeur fétide du fait de sa

                                                composition soufrée.

                                                Le durian est au fruit ce que le munster est au

                                                fromage.

Gamelan :                             Ensemble instrumental traditionnel indonésien

composé principalement de percussions :

gongs, métallophones, xylophones, tambours,

cymbales, flûtes.

Hati hati:                               Attention (Indonésien)

Jalan jalan:                          Je me promène (Indonésien)

Kabar baik:                          Je vais bien

Kampus:                               Village

Kretek :                                 Cigarettes indonésiennes

Lampa lampa:                     Je me promène (Sasak(*))

Manggis:                              Mangoustan, fruit savoureux à l'écorce couleur

brun-rouge.

Markisa :                               Passion fruit

Mardalani :                           Je me promène (Batak - Sumatra)

Microlet :                               Bémo(*) à Java.

Mie goreng:                         seafood fried noodle

Minum :                                 Boire, potable.

Mlaku mlaku:                      Je me promène (Javanais)

Naik:                                      Haut

Nasi goreng:                       Le nasi goreng est une spécialité indonésienne à

base de riz (nasi = riz cuit, goreng = sauté).

Nasi campur:                       Un nasi goreng avec un mixte de végétaux.

Onde onde :                         Gâteau de tapioca, œufs, beurre et sucre

Peci :                                     Chapeau traditionnel musulman Z

Permisi :                               Excusez-moi

Salak :                                   Fruit exotique

Sasak:                                   Langue parlée à Lombok. A Lombok, l'indonésien et

le Sasak (pron. ChaChak) sont enseignés, ainsi que très souvent le balinais voisin, très utile à la population.

Sate :                                     Brochette

Selamat hari raya:              Bonne fête de ramadan

Selamat makan :                 Bon appétit

Selamat malam :                 Bonne soirée

Selamat pagi nona :          Bonjour madame

Selamat pagi :                     Bonjour

Selamat pagi tuan:             Bonjour monsieur

Selamat siang :                   Bonne après-midi

Selamat sore :                     Bonne soirée

Selamat tidur :                     Bonne nuit (doux rêves)

Tahu :                                    Gâteau à base de soja

Tempe :                                 Galettes de soja séché

Terima kasih:                       Merci

Tokek :                                  Sympathique gros lézard bruyant parlant le Tó Kék,

d'où son nom.

Tuak:                                     Vin de palme ou de coconut

Turun:                                   Bas

Warung :                               Petit café restaurant

 

 

ET LA SUITE EN MALAISIE ... !!!

 

 

L'INDONESIE EN 13 SUBJECTIVITES :

 

            Pays:                                       JJJJL    

            Population:                             JJJJL

            Paysages:                               JJJJL   

            Alimentation:                          JJJJL    

            'Bon marché' de la vie:          JJJJL

            État des transports:               JJJJJ

            Communication, Internet:      JJJJL

            Propreté:                                JJLLL     

            Envie d'y retourner :              JJJJJ   

            Villes préférées:                    Ubud, Tirta Gangga, Jogya, Kanawa,

                                                            Bukittingi, ...

            Mots les plus entendus:        Transport ?

                                                            Selamat qq chose

                                                            Hello mister, Hello boss !

                                                            Bankrupt !

            Pas Glop:                                La corruption

            Glop Glop:                              Les gens, les rizières, les temples, ...

            Impression générale:             Richesse, culture, et gentillesse 

            Regrets / Pas le temps:         Apprendre l'indonésien qui est une langue facile.

L'ascension du mont Rinjani,

Voir les orangs-outans de Sumatra